mardi 11 septembre 2007

Très exposé, l'Etat brille par son absence

Logement, école, police. l’implication, tant vantée par le président Sarkozy, fait défaut en banlieue et ailleurs.

Par Thierry MANDON, maire de Ris-Orangis (Essonne).

LIBÉRATION du mardi 11 septembre 2007

C’est le jour choisi par le président de la République pour décentraliser son conseil des ministres à Strasbourg. Montrer que l’Etat est présent partout. Très bien.

Premier rendez-vous de la matinée : un très beau projet, la création d’un éco-quartier d’environ 550 logements neufs, en lieu et place du Dock des alcools, une friche industrielle au bord de la Seine. Après dépollution du site, le programme intégrera toutes les prescriptions environnementales les plus avancées (très faible consommation énergétique des logements, chauffage par géothermie, récupération des eaux de pluie, plan de circulations douces…) et permettra, pour plus de 20 % des constructions neuves, à des locataires HLM d’acquérir un appartement pour la première fois. Et ce à des conditions que le coût des terrains et le prix de la construction rendent presque impossible à moins de 50 kilomètres de Paris. Le montage de l’opération est ardu : coût de la construction, contraintes de la loi handicap 2007 (qui oblige à rendre accessible aux handicapés moteurs tout nouveau logement, ce qui augmente le coût d’environ 10 %), et paramètres écologiques.

Le numéro 2 du gouvernement, seul ministre d’Etat, est chargé du développement durable, par ailleurs ancien ministre de la Ville et du Logement. Grandes déclarations sur l’écologie et l’accession à la propriété. Combien cet Etat qui organise bientôt un «Grenelle de l’environnement» et promet la propriété pour tous a prévu de mettre dans ce type de projet ? Pas un centime.

Déjeuner avec les directeurs d’école maternelle et primaire de ma ville (Ris-Orangis, 25 000 habitants, entre Evry et Grigny, dans l’Essonne). Une des rentrées les plus difficiles qu’ils aient eu à connaître. Dans les maternelles, la norme est désormais de 30 élèves par classe (l’ouverture d’une classe n’est déclenchée qu’au-delà de 31 élèves), y compris dans les quartiers sensibles et reconnus comme tels par l’Etat. Il y a quelques années la moyenne était de 25-26. Les deux psychologues et le médecin scolaire partis n’ont pas été remplacés. Il n’y aura donc qu’un seul médecin scolaire pour 3 000 élèves cette année. La prime aux directeurs, promise par le ministre de l’Education nationale en janvier, 15 euros par mois, n’a pas été versée. Dans les deux collèges de la ville, on annonce plus d’élèves et moins d’enseignants, quand le collège devrait au contraire être l’objet d’une priorité absolue, puisqu’on constate que c’est à cet âge-là que les problèmes commencent. Un responsable local d’une association de parents d’élèves du public démissionne et inscrit son enfant dans le privé, sidéré par les annonces de suppression de postes dans les collèges.

Fin d’après-midi. Des élèves du lycée professionnel nous ont informés ce matin que des règlements de comptes entre bandes du quartier des Pyramides (Evry) et du Canal (Courcouronnes) étaient prévus aux portes du lycée à 17 heures. Le commissariat de police nationale d’Evry a été prévenu aussitôt. Mais à l’heure dite, seuls trois policiers municipaux sont sur place, encerclés par une centaine de lycéens dont certains sont armés de couteaux de cuisine. Des gaz dispersants auront raison de l’ébauche d’affrontements. Le pire a été évité, les policiers municipaux en sont quittes pour une des plus grosse frayeur de leur carrière. Où est la police nationale ? Quarante minutes après la bagarre, elle se pointe enfin et constate que «tout est calme».

Journal télévisé de 20 heures, le même jour. A Strasbourg, frontière orientale, le président de la République a parlé sécurité. Il a probablement parlé aussi éducation, environnement, logement. L’Etat volontariste est de retour, partout, il est dynamique, il a la gniaque, un bulldozer en action, médiatiquement omniprésent.

A 25 kilomètres de Paris, c’est la frontière des beaux discours qu’on touche du doigt. Sarkozy partout, Etat nulle part. Les beaux discours d’un côté, les beaux draps de l’autre.

Thierry MANDON, Maire de Ris-Orangis

http://www.liberation.fr/rebonds/277500.FR.php

mardi 19 juin 2007

Merci!

En m’accordant une nette majorité avec plus de 53% des suffrages, les Rissoises et les Rissois ont marqué leur volonté d’être représentés par un élu attaché à notre commune de Ris-Orangis et qui entendait consolider les outils d’une société solidaire : Sécurité sociale, services publics, respect du développement durable, droits des citoyens fondés sur la responsabilité, sécurité : autant de choix politiques qui, dans les débats qui s’ouvrent, seront essentiels.

Ils ont aussi exprimé leur scepticisme vis-à-vis des déclarations du Député sortant qui promet, depuis 15 ans, d’aider Ris-Orangis pour oublier ses promesses dès le lendemain des élections, et tenter systématiquement de bloquer les dossiers importants pour les Rissois.

Malheureusement, l’avance prise à Ris-Orangis n’a pas été suffisante au regard du retard pris dans d’autres communes, empêchant l’élection d’un nouveau Député dans notre 9e circonscription. C’est la loi de la démocratie.

Je tiens néanmoins à remercier chaleureusement tous les Rissois qui se sont rassemblés derrière moi : électeurs de gauche, socialistes, radicaux, républicains, communistes, écologistes, Rissoises et Rissois de toutes convictions.

Face à la droite, la force de ce rassemblement, parfois même au-delà des ambiguïtés ou coupables silences de pseudo-responsables prétendument de gauche, est la force de l’ancrage de Ris-Orangis dans des convictions fortes : celles de la justice, de l’égalité et de la responsabilité.

Sincèrement et du fond du coeur, merci à toutes et à tous.

Thierry MANDON

vendredi 15 juin 2007

La lettre de Thierry MANDON aux rissoises et aux rissois

Rissoises, Rissois,

Dimanche vous devrez choisir votre Député. A quelques heures du scrutin, je veux vous dire l’importance de ce vote et vous donner 2 raisons de m’apporter vos suffrages.

1 - Choisissez un Député utile plutôt qu’un Député docile

Votre prochain Député, dès les premières semaines, devra voter les projets annoncés par le gouvernement UMP et notamment : la création de 4 franchises non remboursées, par an et par personne, sur les consultations de médecins, les médicaments, les actes médicaux et sur l’hospitalisation; l’augmentation de la TVA pour financer le trou de la Sécurité sociale (on parle de 5%!); la baisse des impôts pour les 3% des Français les plus riches (bouclier fiscal).

Ces mesures sont injustes. Je m’y opposerai. Pas par esprit partisan, mais simplement parce qu’elles sont néfastes et évitables.

Si vous me choisissez pour Député, vous serez représentés à l’Assemblée nationale par un élu utile qui jugera au cas par cas de l’intérêt des projets et se déterminera exclusivement en fonction de ceux-ci. Si vous choisissez le Député sortant, vous serez représentés par un élu UMP de plus, docile au gouvernement quoiqu’il arrive.

2 – Choisissez l’élu qui défendra le mieux Ris-Orangis

Pour de nombreux dossiers rissois, le soutien concret de l’Etat est essentiel : RER D ; renforcement des effectifs dans nos écoles et nos 2 collèges ; commissariat à Ris-Orangis ; réhabilitation des logements du Plateau et de la Rénovation ; création de l’éco quartier du Bas de Ris ; renforcement des moyens des Postes du bas et du haut.

Je constate et regrette que sur tous ces points, depuis des années, les moyens de l’Etat baissent. Malgré les efforts municipaux très importants, nous n’arrivons pas à compenser le retrait de l’Etat et n’en avons d’ailleurs pas le droit (sécurité, RER, logement social, service public de La Poste sont des compétences d’Etat).

Depuis 15 ans qu’il est élu, qu’a fait concrètement le Député UMP de notre circonscription pour Ris-Orangis ?

La suppression du passage à niveau ? Il a fallu combattre son opposition pour que la Ville l’obtienne malgré tout, après 70 ans de blocage.

Le commissariat à Ris-Orangis ? Il l’a promis en 1993, en 1997, en 2002 et aujourd’hui, comme à chaque élection. Mais il y a moins de policiers nationaux à Ris aujourd’hui qu’il y a 5 ans !

Les emplois jeunes ? Il y a 6 ans, ils permettaient que soient renforcés la surveillance dans nos 2 collèges, et développés les moyens de nos associations (USRO, MJC notamment) : le Député UMP a voté et justifié leur suppression.

Nos écoles ? Chaque année le nombre d’enfants par classe augmente. Pour la prochaine rentrée scolaire, faute de moyens, on veut nous imposer 31 enfants par maternelle ! Les moyens de santé scolaire sont devenus quasiment inexistants. Pourtant, le Député a demandé lui-même que l’éducation nationale ne soit pas épargnée par les baisses d’effectifs de l’Etat !

Je pourrai multiplier les exemples, y compris sur des dossiers à venir.

Reste l’essentiel. Ris-Orangis n’a rien gagné à avoir un Député UMP depuis 15 ans.

Si vous me choisissez pour Député, vous serez représentés par un élu qui portera Ris-Orangis haut et fort.

Rissoises, Rissois, vous connaissez mes convictions, je suis et reste un homme de gauche, ouvert, aimant travailler avec tous les rissois quelles que soient leurs convictions, quand l’intérêt de notre commune est en jeu.

En m’apportant votre soutien dimanche, vous m’aiderez à relayer à l’Assemblée nationale l’image de Ris-Orangis qu’ensemble nous construisons et aimons : Ris-Orangis humain, Ris-Orangis chaleureux, et Ris-Orangis solidaire.

Veuillez croire en mon sincère dévouement. Avec conviction. Et avec coeur.

Thierry MANDON

mercredi 13 juin 2007

L'équipe de Thierry MANDON sur le marché de Ris-Orangis










L'équipe de campagne sur le marché de Ris-Orangis le mercredi 13 juin 2007

lundi 11 juin 2007

Le mot de Thierry MANDON

Madame, Monsieur,

Au soir du 1er tour de l’élection législative, il est probable que le Président de la République dispose d’une large majorité à l’Assemblée nationale.

C’est la raison pour laquelle, dès la semaine dernière, le gouvernement s’est senti libéré et a avancé des projets dangeureux pour les Français; notamment la création de 4 franchises pour les soins (sur les consultations, les médicaments, les frais d’hospitalisation, et les actes médicaux), la hausse de la TVA de 2 points, la suppression de la carte scolaire et la réduction de l’impôt payé par les 3% des Français les plus riches (bouclier fiscal).

À Ris-Orangis, le Député UMP est en net recul par rapport à son résultat de 2002. Dans notre 9e circonscription, un large rassemblement des hommes et des femmes de gauche, de progrès, et des associations qui déjà se sont engagées, peut empêcher d’envoyer à l’Assemblée un Député UMP docile à son Parti comme il l’est depuis 15 ans déjà, et permettre de choisir comme Député un élu qui s’opposera à ces mesures injustes, notamment pour les jeunes et pour les retraités.

Homme de conviction, d’ouverture et de tolérance, je m’engage à être le représentant respectueux de ce rassemblement et de tous les essonniens de notre circonscription.

Si la mobilisation est forte, nous pouvons l’emporter dimanche prochain. Aussi, je m’engage à agir à l’Assemblée nationale comme je le fais chaque jour, depuis des années, au côté des essonniens.

Avec conviction, et avec coeur.

Thierry MANDON

Tous les résultats de la 9e circonscription de l'Essonne

vendredi 8 juin 2007

Mot de soutien de Françoise SURRAULT

Introduction à la réunion publique par Kheïra GENC

Grand succès pour la réunion publique de Thierry MANDON



De très nombreux rissois ont répondu jeudi 7 juin à l'invitation de Thierry MANDON et des socialistes rissois pour la réunion publique dans le cadre des élections législatives.

Après une brève introduction de Kheïra GENC, secrétaire de section, qui a détaillé toutes les grandes avancées pour Ris-Orangis permises par Thierry MANDON et son équipe municipale (Dock des Alcools, suppression du PN9, destruction de la friche de l'ex-Clinique de l'Essonne, création du nouveau marché, de services publics implantés dans les quartiers...), c'est au tour de Françoise SURRAULT, Maire-adjointe aux Solidarités de 1995 à 2001 et Présidente du Comité de soutien, de rendre un hommage émouvant et appuyé "à un homme politique moderne, ouvert, tolérant, social" qui "a Ris au coeur".

Retrouvez l'intégralité du discours de Thierry MANDON en ligne sur son site Internet www.thierrymandon.fr




jeudi 17 mai 2007

Lettre de candidature de Thierry MANDON

Retrouvez la lettre aux habitants de la 9e circonscription de l'Essonne en cliquant ici

Après l’élection présidentielle, vous allez devoir choisir votre député les 10 et 17 juin prochains. Ce choix est essentiel : c’est à l’Assemblée nationale que seront votées les lois et les réformes dont le pays a besoin. Notre circonscription législative, la 9e*, devra donc choisir son député en conscience.

J’ai décidé d’être candidat à cette fonction et tiens à vous en expliquer les motivations :

- Candidat de la gauche moderne et ouverte, soutenu par le Parti socialiste, le Mouvement républicain et citoyen, de nombreuses associations de défense de l’environnement, des responsables associatifs et des syndicalistes, je crois à la concertation, au dialogue mais aussi à l’esprit de décision et à la volonté pour réformer le pays. Nous avons besoin de puissants changements pour l’école, l’emploi, l’environnement, le logement, la place des jeunes et des retraités dans notre société.
Pour les engager, j’espère que les Français choisiront une majorité de gauche et de progrès qui équilibrera la toute puissance du Président de la République. Si c’est le cas, je m’y investirai pleinement. Sinon, je serai opposant, constructif certes mais sans concession. Je voterai les textes qui s’attaqueront aux problèmes concrets des Français s’ils respectent l’esprit de justice et les principes républicains. Mais je m’opposerai sans faille à ce qui remettrait en cause l’équité entre les Français.

Loin de tout sectarisme et d’esprit de clan, je veux être demain à l’Assemblée un député de conviction mais sans esprit partisan.

- Pleinement investi en Essonne dans les mandats locaux depuis plus de dix années (en tant que 1er vice-président du Conseil général de l’Essonne et maire de Ris-Orangis), j’ai la conviction que les préoccupations concrètes des citoyens de la banlieue parisienne ne sont jamais défendues à l’Assemblée nationale comme elles le devraient. Transport en commun, emploi, développement des entreprises, éducation, logement, environnement, sécurité : on en parle beaucoup mais on agit peu.

Dans tous ces domaines, depuis 10 ans, en Essonne, j’ai beaucoup agi. Fort de ce bilan, je veux être demain, à l’Assemblée, un député d’action.

- Je crois enfin en une vie politique profondément rénovée et démocratisée. Pour reconstruire la confiance entre les citoyens et leurs élus, il faut servir l’intérêt général. Malheureusement depuis quinze ans, l’actuel député de notre circonscription a préféré servir avant tout l’intérêt du parti politique dont il est le responsable départemental.

Je crois que les Essonniens ont désormais besoin d’un député ouvert à tous, respectant les choix et les convictions de chacun. Je l’ai fait comme 1er vice-président au Conseil général. Je le ferai demain en tant que député.

- Pour cette élection, je ferai campagne aux cotés de Dominique Verots, Président du San de Sénart en Essonne. Élu local, très attaché au développement durable, à l’économie et aux transports en commun, il connaît parfaitement les communes du San Sénart : Saint-Pierre du Perray, Tigery, Saintry-sur-Seine, Morsang-sur-Seine et sera un suppléant qui a fait ses preuves sur le terrain.

Agir résolument, loyalement et avec respect. C'est ma démarche et le pacte qu'ensemble nous nouerons dans cette élection si, comme je le souhaite de tout coeur, vous m'accordez votre confiance les 10 et 17 juin prochains.

Thierry MANDON

*Ris-Orangis, Draveil, Épinay-sous-Sénart, Boussy Saint-Antoine, Quincy-sous-Sénart, Varennes-Jarcy, Soisy-sur-Seine, Etiolles, Tigery, Saint-Germain lès Corbeil, Saint-Pierre du Perray, Saintry-sur-Seine, Morsang-sur-Seine.

vendredi 30 mars 2007

Affluence record au meeting d'Arnaud MONTEBOURG

Près de 1000 essonniens se sont rendus à Montgeron mercredi 28 mars au soir pour accueillir Arnaud MONTEBOURG, porte-parole de Ségolène ROYAL et Député de Saône et Loire, dans une ambiance festive et survoltée, pour la présentation du pacte présidentiel de la candidate des socialistes, des radicaux de gauche et des républicains.

Retrouvez l'intégralité de son discours en cliquant ici


Retrouvez l'introduction de Thierry MANDON en cliquant ici








mardi 20 mars 2007

Meeting départemental avec Arnaud MONTEBOURG


Mercredi 28 mars 2007
à 20h30

Au gymnase Picot de Montgeron

Téléchargez l'invitation en cliquant ici

mercredi 21 février 2007

Discours de Ségolène ROYAL sur l'emploi - Rennes le 20/02/07


Chers amis, je suis heureuse de vous retrouver si nombreux, foule amicale, rassemblement joyeux et qui autorise tous les espoirs. Nous commençons ici notre marche vers la victoire. Je veux d’abord saluer Rennes, une ville que la gauche avec Edmond Hervé et son équipe a su mettre à l’avant-garde de la technologie, du développement durable, avec un pari sur le transport collectif qu’il a su excellemment relever. Edmond, au moment où tu as annoncé ta décision de mettre un terme en 2008 à ton mandat, je veux dire que pour tous les socialistes tu es une référence morale et un exemple pour toute une génération d’élus dont je suis.

Je veux saluer la Bretagne avec Jean-Yves Le Drian et toute son équipe. Une Région fière, et tous les élus ici présents, je vois Louis Le Pensec, Marylise Lebranchu, François Marc, tous les autres. Cette belle région fière de son identité et de sa culture, mais ouverte aux autres, à l'Europe et au monde.

La Bretagne de la mer, première région maritime française qui se mobilise pour défendre ses métiers, en particulier ceux de la pêche, mais aussi des industries navales, celle qui se bat pour sa sécurité contre les pollutions, celle qui a payé si cher le prix des catastrophes maritimes pour savoir que la mer doit d’abord être protégée, cette Bretagne qui au moment du procès de l’Erika crie : plus jamais cela ! Alors que des firmes sans scrupules mais pas sans argent prennent le risque de dégrader pour l’éternité le patrimoine commun de l’humanité et ne font même pas le geste d’indemniser de façon unilatérale l’ensemble des communes qui ont été souillées. C’est un scandale par rapport aux supers profits des compagnies pétrolières.

Je veux saluer la Bretagne de la terre, celle qui a fait de cette région agricole l’une des premières d’Europe avec un modèle coopératif qui vous inspire une légitime fierté, mais aussi celle qui fait un effort pour une agriculture enfin respectueuse de l’environnement et qui s’inquiète devant les perspectives de la future politique agricole commune et qui demande, comme je le fais aussi, la régionalisation des aides. La Bretagne de la terre, bien sûr, mais aussi celle de ses industries d’avenir, de ses entreprises dynamiques, de ses laboratoires réputés, mais aussi la Bretagne qui s’inquiète quand un libéralisme débridé frappe des secteurs clés que sont l’automobile et la filière électronique. Et l’exemple d’Alcatel démontre encore combien le profit à court terme des fonds de pension peut mettre à bas des centres de recherche et d’innovation. Oui, je suis aux côtés de cette Bretagne qui résiste et qui lutte. Et cette cause-là est désormais la mienne et je veux dire aux salariés d’Alcatel menacés de délocalisation, et que nous venons de recevoir tout à l’heure avec Edmond Hervé et Jean-Yves Le Drian, je veux leur dire, et toute cette salle veut leur dire notre solidarité entière, notre colère contre l’inertie gouvernementale, notre volonté de construire une politique industrielle française et européenne, Airbus d’un côté, les télécommunications de l’autre, mais que fait l'Europe pour se défendre ? Que fait le gouvernement pour mettre fin à l’inertie et à la naïveté ? Oui, nous devrons conduire des politiques économiques modernes, oui nous devrons relever le pays avec une efficacité assumée.

Et je le dis ici, nous le disons, disons-le tous ensemble, nous sommes solidaires des salariés d’Alcatel. Cette délocalisation n’a aucun sens et nous devons y résister !

Et, comme il nous le disait tout à l’heure, il est insupportable qu’une entreprise de pointe, de matière grise, insérée dans un pôle de compétitivité, se voit aujourd’hui menacée. Et je le réaffirme ici solennellement, la régionalisation est le fait que l'État donnera des moyens suffisants aux Régions pour défendre les entreprises des pôles de compétitivité, la régionalisation sera un des leviers d’une politique économique efficace. Oui, une nouvelle étape de la régionalisation sera lancée avec des transferts clairs de compétences comme le développement économique et l’équipement des universités. Et pour éviter les confusions, les péréquations indispensables viendront assurer l’égalité territoriale avec une réforme de la fiscalité locale sans laquelle il n’y a, ni justice, ni efficacité.

Décider au plus près, agir au plus juste, dépenser mieux, voilà l’esprit d’une nouvelle décentralisation qui permettra aux élus d’être plus responsables, aux citoyens d’être davantage associés, à l'État d’être plus ferme dans ses choix et plus respecté dans ses décisions.

Je ne conçois pas, à la différence des autres, le pouvoir comme une propriété. Je ne veux pas d’un État impotent à force d’être omniprésent et inactif alors qu’une administration doit faciliter et non pas empêcher. Le conservatisme, c’est d’abord le maintien d’un système politique épuisé et d’une centralisation archaïque et la République nouvelle que j’appelle de mes vœux, c’est une démocratie partagée qui repose sur la clarté dans les compétences, la transparence dans les financements et la responsabilité dans les actes.

Et je le dis ici aussi en respect pour les identités régionales et je sais que vous y êtes attachés. Je ferai ratifier la charte des cultures et des langues régionales pour donner toute leur place aux identités culturelles et linguistiques (culture, musique et langues). Et cet effort-là, cet engagement n’est pas incompatible, au contraire, avec ma volonté de promouvoir la francophonie à travers le monde.

Chers amis, nous sommes presque jour pour jour à deux mois du premier tour de l’élection présidentielle. Ce premier tour décidera grandement de l’issue du scrutin et je n’oublie pas le 21 avril 2002. Rien n’est jamais fait et je voudrais dire ici les ravages que peuvent produire la dispersion des candidatures et l’effacement des enjeux ou l’oubli des clivages essentiels. Car le premier tour détermine toujours la dynamique de victoire. Et c’est pourquoi, si l’on veut faire gagner la gauche, permettre le changement, ouvrir l’espérance, il faut être au rendez-vous dès le 22 avril prochain.

Oui, nous sommes à deux mois de cette échéance et j’en vois déjà certains qui s’auto-célèbrent, qui se congratulent, qui se désignent avant l’heure. Comme si les Français s’étaient déjà prononcés, comme si l’élection se jouait sur la base de quelques pronostics. Laissons-les croire, laissons-les à leur arrogance et avançons sereinement sur notre chemin, il est le bon.

Moi, j’ai confiance dans notre mouvement, votre présence nombreuse en est le signe. J’ai confiance dans la lucidité des Français sur le bilan des uns comme sur celui des autres. Et ceux qui ont été responsables de l’échec d’aujourd’hui ne peuvent pas être les mieux placés pour permettre le succès de la France demain.

J’ai confiance dans la confrontation des projets et dans la défense du Pacte présidentiel que je propose aux Français. La France que nous voulons ne ressemble pas à celle d’aujourd’hui et encore moins à celle que nos concurrents de droite nous proposent.

Alors, oui, nous avons un devoir de victoire, non pas pour nous-mêmes, non pas la victoire d’un camp contre l’autre, mais celle d’une France qui sait que pour être forte il convient d’abord d’être juste.

Il nous faut gagner et gagner dans la clarté. La clarté commence dans la reconnaissance des idées politiques. Celle, bien sûr, ou celui, je préfère le féminin, bien évidemment, qui sera élu sera le président ou la présidente de tous les Français, et devra certes diriger…, et cette présidente devra diriger le pays en fonction bien évidemment de ce Pacte présidentiel et dans le respect de chacun.

Mais c'est aussi l’honneur de la politique de ne pas dissimuler d’où l’on vient. De mon côté, il n’y a aucune ambiguïté : je suis une élue socialiste depuis quatre mandats, j’ai été ministre de François Mitterrand puis de Lionel Jospin, et j’ai participé à l’une des actions réformatrices les plus honorables de la Ve République. Je suis présidente d’une région, comme ici, au nom d’une majorité rassemblant toute la gauche, car telle est ma stratégie, l’union des forces de progrès. Seule cette stratégie permet de battre toute la droite. Alors, je vous pose une question : est-ce que par le passé, dans la vie politique, ceux qui se disent ni de droite ni de gauche n’ont-ils pas toujours fini par tomber du même côté ?

Dans cette campagne, ceux qui y ont intérêt cherchent à brouiller les cartes, soit parce qu’il faut oublier qu’ils sont comptables du bilan, ou alors pour faire oublier que les élus dont ils relèvent dans toutes les assemblées locales gouvernent pratiquement partout avec la droite.

Le candidat de l’UMP lui-même cherche à faire oublier qu’il est le candidat sortant. Eh bien, mes chers amis, je vous le demande, il est temps de faire cesser cette confusion molle et de mettre la vérité devant. La vérité, pour les Français, c’est d’abord la politique par la preuve. Et le bilan du candidat sortant, il est là : une croissance plus faible que dans la plupart des pays européens, un chômage qui ne baisse que dans les statistiques officielles faute de créations d’emplois, un endettement public qui est passé de 900 à 1 200 milliards d’euros en moins de cinq ans, un déficit cumulé des comptes sociaux de plus de 60 milliards d’euros depuis 2002, un déséquilibre historique de la balance commerciale, 30 milliards d’euros ; en d’autres temps, nous aurions payé cette ardoise par une dévaluation du franc. Et comment justifier l’augmentation de plus de 200 000 du nombre de RMIstes ? La progression de la précarité, dès lors que 70 % des embauches se font en CDD ou en intérim ? L’amputation du pouvoir d’achat des retraités, la stagnation des salaires et la hausse des prélèvements obligatoires ? Mais comment venir devant les Français avec une telle succession d’échecs ? C’est une mission impossible ! Et même sur ce qu’il voudrait être son propre terrain, celui de la sécurité, les chiffres infligent un démenti cinglant, et là aussi, il y aura un travail immense pour reconstruire ce qui a été détruit. Depuis 2002, jamais la délinquance des mineurs n’a autant progressé, jamais notre pays n’a connu un tel déchaînement de violences urbaines pendant plus de trois semaines. Alors c’est vrai, nul candidat sortant ne peut être élu sur un tel bilan. Si je dis cela, ce n’est pas pour tomber dans je ne sais quelle polémique dont les Français sont fatigués, mais c’est parce que je crois que la morale politique, à un moment, c’est de savoir rendre compte sur ses actes. Et comme c’est très difficile pour le candidat de la droite sortante de rentre des comptes sur ses actes, alors il préfère fuir, s’échapper, s’évaporer du gouvernement, tout en gardant tous les avantages de l’appareil de l'État. Quel terrible paradoxe, où celui qui prétend rompre avec une équipe disqualifiée s’accroche jusqu’au bout à un gouvernement, pour bénéficier encore pour quelques jours des moyens considérables que lui donne son Ministère !

En politique, c’est la constance dans l’action qui rassure et par les variations selon les circonstances. Alors oui, la clarté est là, les Français vont avoir le choix dans deux mois entre la continuité qui a son candidat et le changement, le changement profond qui consiste à mettre de la justice pour donner de la force, un changement dans les institutions pour mettre des contrepouvoirs afin de donner de la responsabilité au peuple français, un changement dans la méthode, mettre de la démocratie pour donner la confiance, et un changement sur la morale politique et sur l’exigence d’efficacité.

Voilà pourquoi la clarté exige la confrontation des projets. J’y suis prête. J’ai présenté le pacte présidentiel, c’est ma vision de la France. Mes engagements, une centaine de propositions autour de sept piliers qui répondent au double défi de l’urgence et de la préparation de l’avenir : le travail pour tous, le pouvoir d’achat garanti, la réussite éducative et culturelle, la lutte contre toutes les formes de violence, les sécurités durables, l’excellence environnementale et la République nouvelle. Et vous êtes venus très nombreux pour m’aider à construire ce pacte dans cette phase de débat, plus de 2 millions ! C’est ce qui en fait la solidité, la modernité, et qui en garantit l’efficacité et la justice. Plus de deux millions d’entre vous sont venus, d’une façon ou d’une autre, dire ce qu’ils avaient sur le cœur et que la société politique ne voulait plus entendre. Eh bien, cette parole, vous l’avez prise. Non seulement je vous demande de la garder, non seulement à ceux qui ne l’ont pas prise, je vous demande de la prendre au plus vite sur ce Pacte présidentiel, mais je vous annonce qu’avec moi, plus jamais la politique ne se fera sans vous, et de cela, de cette phase d’écoute, oui, j’en suis fière. Et cela ne veut pas dire, comme feignent de le croire ceux qui me critiquent et qui font tout pour caricaturer, que j’ai oublié en chemin que la politique, c’est l’art de choisir, de trancher, et de le faire d’une manière qui n’est pas nécessairement populaire. Cela ne veut pas dire, non, que j’ai oublié que l’un des premiers gestes de François Mitterrand, l’un des plus beaux, l’un de ses plus grands gestes, l’un de ces vrais actes qui donnent à la politique sa noblesse fut l’abolition de la peine de mort, à laquelle il savait qu’une majorité de Français n’était pas favorable. De la même façon, lorsque je dis, et je sais que cela bouscule les habitudes, lorsque je dis que nous construirons la France métissée, c’est-à-dire la France qui fait de toutes ses différences, y compris de ses identités régionales, qui fait de toutes ses différences avec tous ses enfants, d’où qu’ils viennent, ceux qui sont issus de la première, de la deuxième, de la troisième génération, et je ne veux plus qu’on utilise cette expression, que l’on n’utilise jamais pour les enfants venus des pays d’Europe, cette France métissée, c’est-à-dire celle qui est faite de toutes ces différences, cette France-là doit se lever, parce qu’on a besoin de toutes ces forces, de tous ces talents, dans leur diversité et dans leur authenticité. Alors que l’on cesse de crier au populisme parce que j’ai pris la peine, avant d’agir, d’entendre ce que le peuple a à nous dire. Qu’on cesse de me brandir devant le nez l’épouvantail de la démocratie d’opinion parce que je reviens tout simplement aux sources de la démocratie, dont le premier principe est, que je sache, qu’on gouverne avec le peuple et pas contre lui.

Faut-il que notre culture démocratique soit tombée bien bas pour que ce geste tout simple, ce geste et ce temps d’humilité républicaine, élémentaire, ce geste qui dit que nous sommes justes, nous, les femmes et les hommes aspirant à gouverner la France, les serviteurs du peuple, faut-il que la démocratie ait perdu le sens de ce qu’elle est, et que l’arrogance du pouvoir ne connaisse plus de limites pour que ce geste surprenne à ce point ?

Je vais vous dire, chers amis, ce Pacte présidentiel, il est le fruit de la parole des Français, mais il est aussi le fruit de toute une équipe, et le fruit d’une série d’arbitrages et de choix. Jamais, vous m’entendez, jamais non plus je n’oublierai tout ce qui m’a été dit. Odile, cette mère célibataire, admirable de courage et de dignité, qui attend un logement depuis quatre ans et qui m’a raconté sa honte de vivre avec ses deux filles dans une chambre de 12 mètres carrés. Je n’oublierai jamais ces petits retraités qui sont venus tout discrètement dire que depuis quelques années, ils ne faisaient plus qu’un repas par jour. Je n’oublierai jamais cette dignité des pères des familles bafouées parce qu’ils sont au RMI et qu’ils font semblant de se lever le matin pour que leurs enfants aient le sentiment qu’ils ont un vrai travail. Jamais je n’oublierai ces cris de détresse silencieuse, ces vies brisées, ces familles humiliées, ravagées par l’injustice, ces destins marqués au sceau d’une malédiction qui ne dit pas son nom, les inégalités et les précarités. C’est cela qui me donne, qui nous donne aujourd’hui le désir de nous battre, de vaincre et de proposer cette politique d’alternance, le vrai changement, celui qui sera capable de répondre à leur attente et à leurs espérances.

C’est à cause et grâce à cette écoute et à ce travail que ce Pacte présidentiel est solide. Et je suis fière, je vous le répète, et c’est pourquoi je me sens solide et sereine, parce que je l’ai construit, ce pacte, ce sont les fondations de la maison France. Je suis fière d’avoir renoué le temps de son élaboration avec cette tradition française qui est celle des cahiers de doléances et que j’ai appelés les cahiers de l’espérance.

Et d’ailleurs, je vais vous dire : je crois qu’aujourd’hui, on ne peut tout simplement pas faire autrement. Je crois qu’on ne peut pas prétendre présider aux destinées d’un pays comme la France si l’on ne commence pas par entendre ce que les Français ont à dire. Parmi tous les candidats, je suis la seule à avoir accompli cette démarche, car je crois tout simplement que l’on ne peut plus diriger un pays moderne sans écouter tous ses citoyens et leur intelligence collective, sinon c’est la crise sociale assurée, sinon c’est les beaux projets de réformes sortis des cartons des technocrates qui y retourneront aussi vite parce qu’ils seront inapplicables.

Je dis aux Français aujourd’hui que le temps de l’imagination et de l’audace est revenu, et souvent, ils en ont davantage que les responsables politiques, et c’est pour ça qu’il faut être à l’écoute. Et je vous le dis, l’attente de changement, elle est profonde, et donc, je suis la candidate qui incarne ce changement profond, et je suis la seule à avoir fait cette démarche d’écoute. C’est pourquoi, avec vous, je sens que cette force collective, que cette force populaire est en marche. C’est avec la vérité des paroles qui ont été évoquées que je porte aujourd’hui la vérité d’une France neuve et qui veut se relever.

Je suis allée à la rencontre de tous et de toutes. Et tous les élus ici présents, et je les en remercie, ont fait cette démarche. Et vous, militants, sympathisants, citoyens, qui êtes venus et qui allez continuer, je l’ai dit et je vous le demande, à prendre la parole sur ce Pacte présidentiel pour nous dire dès maintenant comment nous allons faire pour l’appliquer parce que les engagements que je prends devant vous, ils seront tenus puisqu’ils ont été construits avec vous.

Et ce sont à la fois les plus vulnérables comme les plus forts qui ont parlé, ceux qui vont bien comme ceux qui décrochent ou qui ont peur de décrocher, ceux qui sont nos partisans depuis toujours et ceux qui ne le sont pas. Et c’est pourquoi j’ai confiance, c’est pourquoi je sais que ça marchera, c’est pourquoi ce Pacte présidentiel, ce programme, il est un pacte d’honneur et de confiance.

Alors, j’ai entendu les objections, on m’a dit : « Mais ce n’est pas un programme, ce n’est pas un pacte, c’est un catalogue. »

Alors, laissez-moi vous dire, le reproche du catalogue, c’est déjà le reproche que l’on faisait à François Mitterrand en 1981 lorsqu’il allait à la bataille avec vous avec ses 110 propositions ; c’est aussi ce qu’on disait à Léon Blum quand il proposait les congés payés, la semaine de 40 heures, les assurances sociales, la lutte contre la misère, les grands travaux pour relancer l’emploi et même la résistance au fascisme qui montait. Même chose, il a gagné, c’est une autre belle et grande page de notre histoire et c’est dans cette tradition que je m’inscris.

Non, ce n’est pas un catalogue car, lorsqu’on propose un projet et une vision de la France qui prend à bras-le corps la crise des banlieues, la crise économique, la crise sociale, la crise éducative, la crise morale qui rongent notre société, la crise écologique, ce n’est pas un catalogue, c’est un projet, c’est une vision pour remettre la France debout.

Quand on propose une vision qui, sur la crise des banlieues par exemple, est le seul projet à proposer à la fois la plus grande fermeté et l’écoute du malaise social à laquelle conduit ou que révèle cette délinquance, quand on avance un programme qui dit à la fois : oui, il faut sévir, il faut à la première incartade répondre par une sanction ferme, rapide et proportionnée, créer des polices de quartiers, renforcer la justice des mineurs, mais, attention, sévir ne suffit pas, on ne va pas envoyer tous les matins des bataillons de police ou de gendarmerie pour régler les problèmes car les jeunes ont d’abord un potentiel, et c’est ce potentiel dont la France a besoin, les banlieues, c’est notre nouvelle frontière, c’est notre objectif, c’est la réalisation aussi d’une France qui doit se lever dans ses quartiers car on a besoin de ses talents, de ses énergies, de ce potentiel. Et c’est cette vision-là de la France que je défends. Ce n’est pas un catalogue, c’est un plan d’urgence, c’est un plan de salut public, c’est le seul plan qui peut permettre à la France d’éviter le délitement du lien social qui la menace et que nous sentons tous venir.

C’est l’urgence et c’est la préparation de l’avenir. Je ne veux pas de cette société toujours plus brutale où, comme je l’ai entendu lors d’un débat, une bonne partie des violences est engendrée par le mépris. Je ne veux pas entendre parler, je ne veux plus qu’on me parle de discrimination positive parce que, ce que la République doit construire, c’est tout simplement de l’égalité réelle.

Non, ce n’est pas un catalogue lorsque l’on propose tout simplement une France efficace et juste. Et quand je dis : le règne sans fin du profit est intolérable aux gens modestes, quand je dis : le spectacle de la spéculation foncière effrénée est insupportable à ceux qui vivent de leur travail et il est dramatique pour ceux qui n’arrivent pas à en vivre, et quand j’ajoute : on ne peut pas, face à cela, tolérer une France où 23 % des jeunes sont sans emplois, où l’âge du premier emploi n’en finit pas de reculer, où la précarité des contrats se généralisent où la moitié des salariés perçoivent moins de 1 400 € par mois, où quatre millions de salariés sont payés au salaire minimum, ou moins que cela, et parfois au bout de trente ans de travail, où il y a sept millions de pauvres qui vivent avec moins de 700 € par mois, où deux millions d’enfants sont condamnés à vivre dans la pauvreté. Oui, quand je dis que dans un pays comme la France on ne peut pas tolérer que deux millions de personnes aient recours à l’aide alimentaire. On ne peut pas tolérer 2 000 accidents graves du travail par jour, on ne peut pas accepter qu’à 35 ans un ouvrier ou un employé ait sept ans de moins d’espérance de vie qu’un cadre supérieur, que 40 % des salariés soient exposés à des produits chimiques sur leur lieu de travail, quand je dis : je ne veux pas d’une France où les femmes sont les premières victimes des bas salaires, des petites pensions et où l’écart des salaires avec les hommes à qualification égale est à 25 %. Je dis que, lorsqu’il y a tout cela dans la France, c’est que le pacte social est rompu. Et le pacte présidentiel, c’est d’abord cela, c’est répondre à ces colères et c’est déboucher sur des engagements précis qui permettront à la France de se relever.

Alors, le débat sur le chiffrage s’est ouvert. Eh bien, je passe sur le fait, allez, ne polémiquons pas, que cette polémique vient surtout d’un candidat qui a lui-même un très gros problème de chiffrage. Il a promis à tellement d’interlocuteurs, il a pris tellement d’engagements contradictoires avec tous ses clients potentiels que les calculettes de l’DUMP se sont affolées et que ses plus chauds partisans lui ont dit : « Halte là ! Halte à la démagogie, halte au clientélisme, halte au n’importe quoi. »

Je passe aussi sur le cas d’un autre candidat qui a également exigé le chiffrage. Lui, c’est plus simple, il n’a pas de problème de chiffrage vu qu’on ne sait toujours pas quel est son projet ; si ce n’est de se plaindre, qu’il ne passe pas suffisamment dans les médias.

Je passe encore, mais là c’est plus grave, sur l’état chiffré celui-là dans lequel ils nous laisseront la France. Je le dis et je le répète, une dette publique insoutenable. Les intérêts de cette dette qui sont générés représentent à eux seuls la deuxième dépense du budget de la Nation, le déficit des comptes sociaux, j’en ai parlé, notre commerce extérieur déficitaire de 30 milliards d’euros, c’est-à-dire l’équivalent d’un million d’emplois perdus. Voilà leur chiffrage. À nous d’exiger plutôt qu’ils réparent ce qu’ils ont détruit.

Alors, soyons sérieux, j’ai cité François Mitterrand et Léon Blum tout à l’heure, et d’autres, il y a d’autres noms que j’aurais pu évoquer, d’autres noms de ceux qui m’ont inculqué le sens du service public et que j’ai cheville au corps, au nom de quoi je suis ici aujourd’hui devant vous. L’un s’appelle Jacques Delors et l’autre Pierre Mendès France. Et ce qu’ils m’ont inculqué, l’un comme l’autre, c’est que la rigueur n’est pas le contraire du socialisme, mais que c’est sa condition de possibilité, sa prémisse, ce sans quoi rien ne se fait. Alors, ces mesures de mon Pacte présidentiel, laissez-moi vous dire en toute rigueur les choses : premièrement, elles sont chiffrées, bien sûr. Il y a une équipe de campagne qui travaille à mes côtés, une équipe solide, une équipe qui est maintenant soudée et mobilisée, une équipe issue de toutes les sensibilités bien sûr du Parti socialiste, mais bien au-delà de la gauche et du camp républicain dans son ensemble. Et il n’y a pas un article de ce pacte dont nous n’ayons évalué les coûts directs et indirects, ainsi que d’ailleurs, et c’est là l’originalité de ma démarche, les bénéfices pour la communauté et pour la collectivité.

Car ce que je veux vous dire, c’est que les actions que je propose ont toutes un double volet : ce sont des actions de solidarité, mais ce sont aussi à chaque fois des actions d’efficacité qui feront que, si je suis élue, j’aurai la possibilité de les mettre en œuvre, l’économie marchera mieux, la croissance repartira de l’avant et la France se relèvera. Ce sont des mesures, si vous préférez, bien sûr qui ont un coût budgétaire, mais surtout elles rapportent, c’est-à-dire qu’elles créent de la valeur ajoutée. Et vraiment pour les évaluer, pour faire une évaluation honnête et juste, il faut prendre en compte ces deux paramètres, ajouter ces deux composantes, ce qu’elles coûtent dans un premier temps, mais ce qu’elles permettent de faire pour que la France avance de l’autre.

Par exemple, quand je propose d’augmenter le salaire minimum et les bas salaires, ainsi que les petites retraites, c’est bien sûr une élémentaire mesure de justice, mais c’est aussi, vous le savez bien, une façon d’injecter du pouvoir d’achat dans une économie où la consommation est en berne. Alors, à dépense égale, qu’est-ce qu’il vaut mieux ? Baisser les impôts des plus riches, comme le propose le candidat de la droite, avec un effet nul sur la croissance, et même des effets secondaires sur la spéculation immobilière et sur la hausse des prix du foncier ? Ou bien faire, comme nous le proposons, augmenter les bas salaires afin d’augmenter le pouvoir d’achat du plus grand nombre ?

Ou dites-moi, pour la richesse collective, et pour la valeur ajoutée sociale, que faut-il faire ? Laisser se généraliser le travail précaire ? Baisser le niveau de protection sociale et, ce faisant, semer l’inquiétude, créer l’anxiété, générer une société où on n’a plus le moral ? Ou bien, comme je le propose, redonner courage, espoir aux salariés, leur rendre leur dignité et de surcroît les réintroduire dans le circuit de la France qui travaille ?

Oui, répondez-moi chiffrage pour chiffrage parce qu’on nous dira : « Mais les différents projets, c’est à peu près le même coût. », sauf que les dépenses ne sont pas les mêmes. Et qu’est-ce qui est le plus payant ? Harceler les jeunes en recherche d’emploi, les humilier et laisser se créer à la marge de nos villes des vastes territoires perdus pour la République et pour les entreprises ?

Ou bien créer, comme je le propose, un droit au premier emploi pour les jeunes, un nouveau droit permettant à chaque jeune, à sa majorité, de disposer d’un prêt gratuit de 10 000 € pour construire son premier projet de vie et tout simplement pour comprendre que la France a besoin de déployer sa créativité, ses énergies et ses talents ?

Alors j’ai entendu dire aussi : « Avec les socialistes c’est toujours pareil, les droits s’ajoutent aux droits. » Ce qui ne va pas dans la mauvaise direction, vous l’avouerez. « Les socialistes, c’est l’assistanat. » Alors, je veux le dire très clairement ici : je suis contre une société de l’assistanat, je suis pour une société de la dignité et de la responsabilité car c’est trop facile de dire, projet contre projet, les uns qui disent : « Débrouillez-vous et que le meilleur gagne. » Moi, ce que je veux pour la France, c’est un État fort qui met en place les conditions égalitaires pour que chacun, au contraire, puisse construire sa vie, assumer ses choix, choisir son destin, maîtriser, se maîtriser et accéder à un emploi, l’emploi pour tous, c’est cela la France que je veux, une génération qui arrive à transmettre à la suivante les valeurs auxquelles elle tient. Et c’est cela notre différence.

Alors, c’est vrai qu’on est là pour aider à gauche, et heureusement, c’est nécessitai qu’on est là pour créer de nouveaux droits et corriger ainsi ce système qui, livré à lui-même, ce système libéral, brutal et destructeur pour les plus faibles. Et nous en sommes fiers. Mais, dans le Pacte présidentiel que je propose, il n’y a pas que cela puisque, au contraire, chaque nouveau droit créé par la collectivité va de paire avec un nouveau devoir. Vous ne trouverez aucune prestation nouvelle qui n’ait en contrepartie une obligation nouvelle et impérieuse pour celui qui en bénéficie.

Mon Pacte présidentiel, c’est un choix du gagnant-gagnant fondé sur la valeur travail et sur la possibilité pour chacun de se réaliser dans l’effort qu’il fournit pour les autres. Et par exemple l’engagement que j’ai pris de créer pour les jeunes sans ressources, et qui vivent de plus en plus nombreux dans la précarité, une allocation d’autonomie et d’entrée dans la vie active. Cette allocation leur sera versée en contrepartie d’une obligation de formation, d’une recherche active d’emploi et, pour les étudiants, d’un service d’heures de soutien scolaire gratuit auprès d’élèves en difficulté.

Et ma proposition est de créer une sécurité sociale professionnelle garantissant une rémunération égale à 90 % du dernier salaire perçu. Là aussi, il y a une contrepartie et une avancée collective. C’est à la fois stabiliser les entreprises qui sont confrontées à la concurrence internationale et qui ont besoin, il faut le dire ici clairement, qui ont besoin d’agilité pour conquérir les marchés et pour s’y adapter. Mais cette fragilité-là ne doit pas se faire aux dépends de la précarisation du plus grand nombre et des salariés, c’est-à-dire toujours les mêmes. C’est le sens de la sécurité sociale professionnelle, c’est-à-dire des salariés bien sécurisés, qui auront en contrepartie l'obligation de formation ou de recherche active d'emploi, qui permettra aussi aux entreprises d’aller de l’avant sans écraser les salariés.

Autre exemple : la mise en place du plan massif de formation professionnelle permettra aussi à chaque salarié formé d’être mieux rémunéré. Et donc le salarié bien formé sera mieux payé, et l’entreprise qui paie mieux un salarié mieux formé aussi en est bénéficiaire puisque ce salarié sera plus productif, plus motivé, et donc l’entreprise sera plus compétitive.

Voilà la nouveauté ce pacte, et je le revendique en tant que candidate de la gauche. On a souvent dénié à la gauche la capacité de l’efficacité sur le plan économique, eh bien la voilà, la nouveauté. C’est la candidate qui est devant vous qui va réconcilier la France avec les entreprises. C’est la candidate qui est devant vous qui va permettre le déblocage de la machine économique. C'est la candidate qui est devant vous qui a compris, parce qu’elle est au contact des entreprises, des salariés et des citoyens, qui a compris qu’il fallait porter un autre regard, qu’il fallait voir différemment le développement économique et le développement durable, et que désormais, celui est appuyé, non pas sur un seul secteur, non pas simplement sur l’efficacité à court terme et le profit à court terme de l’entreprise, mais que cette efficacité économique et ce développement durable sont appuyés sur trois piliers à égalité de solidité, et que l'État doit aider à se développer et à se déployer : l’efficacité économique, bien sûr, mais aussi l’efficacité, la valeur ajoutée sociale, avec la formation professionnelle et la qualité du dialogue social, c’est la bataille de l’intelligence collective et de la meilleure organisation dans les entreprises, c’est la bataille de la matière grise. Le troisième pilier, c’est celui de l’excellence environnementale, avec tous les emplois qu’il faut créer dans ce secteur, des emplois non délocalisables, des laboratoires de recherche, une compétition mondiale à l’égard de laquelle la France doit rattraper son retard. Par conséquent, tout ce qui est investi et tout ce qui va coûter, bien sûr, dans un premier temps, mais qui permettra ensuite de développer des cercles vertueux, de remettre la France debout, de créer des valeurs ajoutées, comme l’ont fait d’autres pays, et il n’y a pas de raisons que la France ne réussisse pas à relever ce défi. Moi, je crois que la France réussira à relever ce défi si l’argent public est bien utilisé, s’il est investi là où il crée de la valeur ajoutée, s’il est investi là où il y a du potentiel de développement. C’est cela le défi que je vous propose, c’est en même temps créer cette efficacité-là, mais aussi raccrocher tous ceux aujourd’hui qui décrochent de l’emploi.

Bref, le Pacte présidentiel, c’est un plan d’ensemble, c’est un projet dans la durée, et ce projet a une cohérence qui tient justement à la défense de la valeur travail, car je le redis ici, si l’un de ces trois piliers vient à faiblir, l’économique, le social et l’environnemental, alors la défaillance d’un seul peut faire crouler le tout, c’est pourquoi je propose que l'État et les pouvoirs publics investissent massivement dans les secteurs que j’ai identifiés tout à l’heure. Car tout se tient. Cet engagement d’honneur et de confiance que j’ai pris avec chacun et chacune d’entre vous, il repose sur quelques idées fortes, des valeurs phares qui sont la clé de tout, et en particulier le droit à l’emploi, mais également le droit à l’éducation.

Je voudrais, ici, redire que l’éducation est au cœur de tout et en avant de tout, et que je redonnerai à l’école la place qu’elle n’aurait jamais dû perdre.

Mais je veux approfondir ici cette question de l’emploi. Je veux, si je suis élue, engager une lutte sans merci contre le chômage des jeunes, je l’ai dit à l’instant, un des plus élevés d’Europe, l’une des sources du découragement, de la révolte contre l’absence de futur et, au bout du compte, de la délinquance, car c’est l’absence d’emploi qui crée la délinquance. Le chômage n’est pas une loi naturelle, il n’y a pas de raisons que ce fléau nous frappe, nous Français, comme par hasard, plus que la plupart de nos voisins. Il y a des raisons, et c’est pourquoi je veux être la présidente du travail pour tous. Je vais vous dire comment.

Oui, et les annonces récentes l’Alcatel-Lucent sont dans tous les esprits, et je veux à nouveau m’appuyer sur cet exemple, pour dire que la France industrielle décroche et que notre économie perd son rang et que ce n’est pas une fatalité. La France a cessé d’investir dans les facteurs qui sont déterminants pour la croissance, et ce n’est pas une fatalité. Les nouvelles technologies, les industries de pointe, la recherche, l’éducation, la formation, la qualification, la matière grise sont notre capital le plus précieux dans la compétition internationale. C’est pourquoi les investissements majeurs du Pacte présidentiel vont dans cette direction. Les crédits aujourd’hui affectés à la recherche publique n’atteignent que moins de 1 % de notre richesse nationale, alors que les pays du Nord, le Japon et les États-Unis consacrent à la recherche et au développement le double de crédits que nous, et surtout, ils considèrent que les dépenses publiques sont des leviers pour développer l’investissement privé. C’est pourquoi le Pacte présidentiel, ce n’est pas des dépenses, c’est un investissement pour l’avenir.

Ce qui est grave aussi, c’est que la France consacre à ses étudiants un montant inférieur de 25 % à la moyenne des pays les plus développés. Ce qui est grave, c’est que la population active français est moins qualifiée que celle de nos principaux concurrents, et que la proportion des jeunes sortant de notre système éducatif sans qualification ou sans diplôme est un des plus élevés d’Europe. Alors, quant le pacte présidentiel investit dans ce secteur, ce n’est pas une dépense, ce n’est pas un coût, c’est un investissement pour l’avenir, qui rapportera ensuite, quand cet effort sera fait.

On nous dit que pour s’en sortir, il faudrait que chacun puisse travailler plus. Mais les chômeurs voudraient bien travailler plus, ils veulent tout simplement travailler. Les travailleurs pauvres, ils voudraient bien travailler plus, tout simplement pour passer à temps complet. Les salariés en CDD, ils voudraient bien travailler plus, quand ils aspirent tout simplement à un CDI. Alors la dernière trouvaille, la solution miracle, ce serait de libéraliser les heures supplémentaires, autant qu’en décidera l’employeur, et sans aucune cotisation sociale, ce qui privera d’ailleurs les salariés concernés des droits la retraite correspondants. Je dis ici que ces solutions simplistes ne sont pas sérieuses. Beau progrès en vérité que ce qui aboutira à ce qu’une heure supplémentaire coûte moins cher qu’une heure normale et que l’embauche d’un salarié qui n’a pas de travail. Cela reviendra à décourager toute nouvelle embauche, et donc à accélérer le chômage quand l’autre partie de la population serait contrainte d’intensifier la cadence. C’est exactement le contraire que je propose ; je propose : travailler tous et travailler mieux. Voilà l’avenir de la France !

Et la stratégie que je propose, c’est de travailler plus, de travailler tous et de travailler mieux, mais travailler plus, non pas au sens où ceux qui ont déjà un emploi devraient travailler plus, ou même ceux, comme je l’ai entendu, qui arrivent à l’âge de la retraite devraient travailler jusqu’à 70 ans, c’est aussi une proposition qui a été faite, ce que je propose, c’est de mettre davantage de jeunes à l’entrée en activité, c’est un travail valorisé et récompensé, c’est faire en sorte que le taux d’emplois augmente. Nous sommes le pays qui a à la fois le taux de chômage le plus élevé chez les jeunes et le plus élevé chez les salariés de plus de 50 ans, vous imaginez l’immense gaspillage ? Il y a au milieu un nombre restreint d’actifs, qui doivent porter la responsabilité de toutes les cotisations pour faire en sorte que les jeunes puissent chercher activement un emploi, et pour ceux qui sont les salariés plus âgés qui sont chassés de leur entreprise puissent retrouver la dignité. C’est cela le pacte que je vous propose, c’est du gagnant/gagnant, c’est de relancer la créativité économique, c’est la voie de la modernité. La voie de la modernité aussi, c’est un pacte avec l’ensemble des partenaires sociaux, c’est un pacte avec une vraie volonté industrielle. Il faut que l'État et les entreprises définissent ensemble une politique industrielle, les secteurs d’avenir, les technologies où investir. L'État doit assurer les conditions de leur réalisation dans un cadre européen et ne doit pas s’en laver les mains, comme aujourd’hui dans l’aéronautique ou dans les télécommunications.

Il faudra aussi tout mettre en œuvre pour aider les petites et les moyennes entreprises innovantes à grandir, à trouver leur financement au travers des sociétés de participation, à gagner des parts de marché à l’exportation. Il faudra enfin miser sur le développement des services de qualité dans les filières professionnelles. Ma stratégie, ensuite, je l’ai dit, c’est d’investir massivement dans la formation des salariés, je n’y reviens pas, mais cette formation doit s’organiser tout au long du parcours professionnel, de la formation des jeunes aux carrières des seniors, de l’entrée sur le marché du travail à la sortie du marché du travail. Et pour réussir, parce que c’est ça aussi un État moderne et une France neuve, c’est un nouveau pacte social où chacun, État, collectivités locales, patronat, artisanat, salariés et leurs représentants doivent trouver leur place. Je le dis solennellement, nous ne sortirons pas de la crise dans laquelle nous nous trouvons sans un partenariat radicalement neuf entre l'État et les partenaires sociaux. Oui, je veux donner aux organisations syndicales l’occasion de peser sur la vie économique et de créer des compromis économiques et sociaux pour que la France avance. Je veux de nouvelles règles de représentativité et de validation des accords. Je veux redonner de la respiration et de l’espace à la négociation collective. C’est en m’appuyant sur une démocratie sociale moderne que je m’engage à gouverner. C’est ainsi, je le répète, que nous forgerons les compromis dont nous avons besoin pour avancer, sur la question des retraites, sur la question du temps de travail, sur la question des salaires. C’est grâce à elle que, dans les entreprises, toutes ces questions relatives au travail, à ses conditions, à ses organisations, à sa durée pourront être résolues à la fois dans l’intérêt des salariés, mais aussi dans l’intérêt des entreprises, celles qui avancent, celles qui innovent, les vraies créatrices de valeurs et de richesse, et non pas celles qui, par une espèce d’immoralité économique, sont soumises aux fluctuations du libéralisme financier intolérable et qui procèdent aux licenciements de confort, alors même qu’elles font des bénéfices. C’est une nouvelle fois le cas chez Alcatel. Je ferai la différence entre ces entreprises à la recherche effrénée du profit financier maximal et dont les décisions sont prises à l’extérieur de nos frontières dans je ne sais quel intérêt de je ne sais quels fonds de pension et de je ne sais quelle rémunération d’actionnaires, nous remettrons de l’ordre économique juste dans tout cela, et les crédits publics iront prioritairement aux entreprises qui se battent tous les jours pour créer des emplois.

Oui, ma stratégie sera de redéployer les moyens de la puissance publique pour servir cette politique du travail pour tous.

Aujourd’hui, l'État et les collectivités locales dépensent plus de 65 milliards d’euros en aides diverses aux entreprises, avec des effets d’aubaine invraisemblables, sans réelle évaluation de leur efficacité. Je veux reconsidérer cette façon de faire et consacrer prioritairement ces crédits publics à l’investissement dans les secteurs d’avenir, dans les infrastructures nécessaires et dans les efforts faits pour l’exportation.

On me parle chiffrage, on me somme d’indiquer comment je ferai face aux dépenses d’avenir, et c’est légitime. Je vous le dis pour y répondre, je m’engagerai sur une profonde réforme de l'État et des finances publiques, pour faire en sorte qu’un euro dépensé soit un euro utile, pour que toutes les dépenses de l'État soient productives et qu’on mette fin à toutes les formes de gaspillage, pour les orienter massivement vers les ressorts de la croissance et vers la protection des personnes. Voilà la France du travailler mieux et du travail pour tous, qui conjugue réussite et efficacité, droits et devoirs, progrès et modernité. C’est une France qui permet à la réussite de chacun de contribuer à la réussite de tous, c’est une France, bien sûr, qui travaille plus mais qui travaille plus en donnant du travail au plus grand nombre, c’est une France d’harmonie.

Et à ceux qui tentent d’opposer les uns aux autres, les salariés opposés aux chômeurs, les retraités du régime général contre les retraités des régimes spéciaux, les fonctionnaires opposés aux salariés du privé, ces fonctionnaires qu’on humilie de façon indigne lorsqu’on leur dit qu’un départ sur deux à la retraite ne sera pas remplacé, c’est une façon de leur dire : mais un agent public sur deux ne sert à rien ! Cette façon de faire, démagogique, est insupportable. Là se trouve le populisme. Moi je vous le dis, le service public, on en a besoin ! Bien sûr, il doit se réformer ; bien sûr il doit avancer.

& Et je le répète, je veux articuler la solidarité et l’efficacité, c’est-à-dire, et je le redis parce que c’est important, tout le contraire de l’assistance. La droite la dénonce, mais finalement elle l’organise chaque jour en renforçant les exclusions et les précarités. Moi, j’affirme que chacun a droit, lorsqu’il trébuche, de trouver les sécurités qui lui permettront de s’en sortir et on lui demandera les efforts en contrepartie de cette solidarité nationale. Le jeune, l’élève qui a peine à suivre l’école doit bien sûr faire l’effort indispensable pour renouer à la réussite scolaire, mais il a droit aussi à un soutien scolaire gratuit et à l’aide aux devoirs si sa famille ne peut pas lui donner.

Bien sûr, les patrons d’entreprises, les commerçants et les artisans prennent leurs responsabilités, le métier d’entrepreneur est un métier à risque au sens le plus noble du terme, mais ils ont droit de recevoir plus d’aides sous les formes d’allègements de cotisations, d’aides à l’innovation dont les grandes entreprises, qui ne sont pas menacées, ne devraient pas avoir droit. Les petites entreprises et les moyennes entreprises doivent avoir accès au crédit et elles auront une part réservée dans les marchés publics et je demanderai au système bancaire de faire son devoir. Car, combien d’entreprises connaissons-nous qui sont obligées de se tourner vers les collectivités territoriales pour avoir des prêts ? Comme si c’était notre métier, collectivités territoriale ! Comme si c’était le rôle de l’impôt payé par tous les Français que de faire des prêts aux entreprises.

La France est un des pays où le système bancaire est un des systèmes qui exercent le moins leur responsabilité de prise de risque à l’égard des entreprises. Et l’ordre économique juste, c’est un ordre où chacun remplit sa tâche, où chacun accomplit son devoir, où chacun fait le métier pour lequel il est rémunéré. Voilà la société que je veux construire avec vous.

Il n’est pas de droit nouveau que je ne veuille accompagner d’un devoir nouveau, je le dis ici et je le répète.

Enfin, la question des solidarités, c’est aussi la question des familles, et c’est par-là que tout commence car, si les familles fonctionnent bien, assument leur devoir d’affection, d’éducation et de surveillance, alors les enfants démarrent sous de bons auspices et dans de bonnes conditions.

Et là aussi les investissements et les efforts financiers du Pacte présidentiel pour le logement constituent une action pour avoir, et c’est la base, une vie de famille sécurisée. Et là aussi l’investissement dans le logement, c’est un investissement dans l’avenir parce que cela permet aux familles d’éduquer et d’élever correctement leurs enfants. Et c’est pourquoi les inégalités criantes dans ce domaine doivent impérativement se réduire. C’est le sens de l’ensemble des mesures concrètes que je propose sur le logement, la création d’un service public de la caution qui permet d’assurer les impayés de loyers et de rentrer dans un logement sans avoir à débourser trois mois de loyer. L’incitation, par une sur-taxation dissuasive, des réquisitions de logements vacants spéculatifs inoccupés par les collectivités territoriales, la mise en place par les Régions d’un programme de logements pour les étudiants et pour les jeunes. Et enfin la construction des 120 000 logement sociaux dont la France a besoin et qui, faute d’obéissance à la loi de solidarité urbaine par certaines communes, ne sont pas tout simplement construits. L'État assumera ses responsabilités et se substituera aux communes défaillantes qui s’enferment dans leur égoïsme territorial.

Et puis je veux vous parler de la France dans le monde car la place de la France sera assumée. La France, ce sont des valeurs exigeantes et neuves, proclamées par la Révolution française et qui ont permis à notre pays d’écrire une des plus belles pages de son histoire. La France, ce sont des valeurs universelles que nous devons continuer à porter haut si nous ne voulons pas décevoir ceux qui ont foi en nous et qui attendent quelque chose de nous.

Nous n’avons pas le droit de rester des spectateurs muets, apeurés, bientôt victimes du monde comme il va. Nous n’avons pas le droit de nous éloigner de la scène, de renoncer, de laisser faire la mondialisation dans ses effets les plus pervers. Je ne veux pas me résigner à ce que la France sorte de l’histoire.

Ou considérons-nous que nous avons encore quelque chose à dire encore au monde et quelque chose à lui apporter, je le crois, et les Français aussi le croient avec moi. Je sais que les Français le veulent. On les dit parfois égoïstes, repliés sur eux-mêmes, sur leurs petits soucis. Quelle erreur ! Quelle méconnaissance de leur curieux génie ! Notre peuple est un peuple généreux, c’est le peuple qui a inventé Médecins sans frontières et les Médecins du monde, c’est l’un des peules où le mouvement associatif est en Europe le plus vivant, c’est un peuple qui, n’en déplaise à ceux dont l’horizon se borgne aux grandes lignes de la mondialisation financière, rêve de voir son pays reprendre un rôle actif sur la scène du monde.

Alors les fins de la politique de la France, si je suis élue, seront fidèles à ce vœu, elles seront simples, exigeantes, fidèles à notre vocation la plus haute : la paix, bien sûr, la sécurité pour tous les États, sans doute, mais aussi le développement pour tous, la justice pour les peuples et le refus des dictatures.

La paix, elle est possible, fondée sur l’équilibre d’un monde multipolaire, c’est pourquoi tous les efforts visant à faire redémarrer l'Europe et en faire une puissance également politique seront poursuivis avec une ardeur particulière. C’est pourquoi tout sera fait pour remédier au déséquilibre des puissances qui est la règle aujourd’hui dans nos rapports avec nos partenaires et alliés. C’est pourquoi, si je suis élue, la France pèsera de tout son poids pour que soit respecté le droit international. La sécurité implique que nous continuions à déployer nos forces au service du droit partout où il est bafoué et elle implique que, du Proche au Moyen Orient par exemple, nous pesions de tous notre poids en faveur de ces deux aspirations indissociables, également impérieuses : la justice pour les Palestiniennes, la justice et la sécurité pour Israël et pour ses citoyens.

L’objectif n’est pas inaccessible, je veux que la France soit le pays qui fera que l'Europe décidera enfin de peser fortement en faveur de cette paix, la France au sein de l'Europe a l’autorité nécessaire pour rappeler les principes et aider à l’avènement de cette paix durable et garantie.

La justice pour les peuples, aussi, le développement, cela implique que la France, qui fut l’une des premières à plaider pour l’aide publique aux pays défavorisés, accepte de donner l’exemple et indique le chemin à tous ceux qui s’accommodent à bon compte des promesses non tenues et des inégalités criantes. Et nous ne nous sauverons pas tout seuls, notre avenir dépend de notre capacité à réduire les inégalités entre les pays pauvres et les pays riches. Et nous en avons le moyen. Nous devrons réformer en profondeur l’aide au développement et en particulier à destination de l’Afrique. L’Afrique est accablée de tant de maux et de tensions. Et, je le dis ici, la seule solution pour mettre fin aux migrations de la misère se trouve dans le co-développement, dans la réforme des flux financiers, dans les micro-crédits, dans l’aide directe, dans les circuits courts, dans la défense de la dignité de ceux qui veulent rester dignement dans leur pays, y vivre, et donner à leurs enfants de quoi se nourrir, se soigner et s’éduquer.

Et puis je voudrais vous dire aussi, parce que j’y suis allée, vous dire que la Chine n’est plus un simple géant économique, ce sera bientôt un géant politique et je veux que la France soit la première à prendre en compte cette montée en puissance politique et en tirer toutes les conséquences.

Mais je le dis ici, je veux que la France soit à la pointe de la vigilance sur le non-respect des droits humains car la démocratie est un bien commun. La démocratie, ce ne sont pas des valeurs réservées aux uns et interdites aux autres, et c’est là que j’aurai à cœur, si je suis élue, de rappeler à nos partenaires chinois.

Et puis les États-Unis, partout nous agirons, ne seront pas loin. Ils seront là, puissants, amicaux et généreux comme l’histoire récente l’a montré, mais hélas souvent emportés par leur puissance à commettre de terribles erreurs. Et la taille n’ayant rien à faire avec les principes, et le déséquilibre des puissances n’ayant jamais été nulle part une raison de se taire, nous ferons entendre notre différence. La France l’a fait à propos de l’Irak, elle n’a hélas pas été entendue, mais elle l’a fait et sa voix a sonné juste. Je voudrais à l’avenir qu’elle continue de sonner juste. Je veux qu’en parlant plus haut et plus vrai notre voix porte plus loin.

Voilà, je veux être la présidente de cette République-là !

Oui, je veux être la présidente d’une République où l’on saura se montrer intraitable partout où seront bafouées les valeurs liées à notre tradition d’humanisme et de lumière. Le Pacte présidentiel que je vous propose est exigeant. Je ne tomberai jamais dans la facilité de la promesse électorale qui n’engage que le temps de la formuler. Relever la France suppose que nous nous y mettions tous, mais aussi que l’effort soit justement réparti. J’ai besoin de vous pour porter ce pacte. Il est le vôtre. Oui, j’ai besoin de vous, ce pacte est le vôtre, il m’oblige, pourquoi est-ce que je parle de pacte et non pas de projet et de programme ? Parce que c’est un engagement réciproque, un engagement que je prends à l’égard du peuple français et un engagement que le peuple français prend parce qu’il a pris la parole et qu’il veut se reconnaître dans la France que je veux construire avec vous tous et qu’il sait bien, parce que nous l’avons entendu, la France qu’il ne veut pas, il ne veut pas de la France des brutalités, des ruptures, des fractures, des faux-semblants, des fausses promesses, des injustices, des avantages toujours donnés à ceux qui en ont le plus, et du mépris toujours donné à ceux qui sont au bord du chemin. Cette France-là, nous n’en voulons pas et c’est tout le sens du Pacte présidentiel .

Le voulez-vous ce pacte ? Voulez-vous le porter ? Est-il le vôtre ? Alors tournez-vous vers les Français, redonnez-leur la parole, je vous le demande, vous qui êtes aujourd’hui si nombreux à Rennes et dans une autre salle me dit-on, devant un écran vous êtes plus de 4 000 parce que vous n’avez pas pu tous entrer dans cette salle.

Je vais vous faire une confidence : on m'interroge sur mon équipe de campagne. Je vais vous dire un secret : mon équipe de campagne, c’est vous. Me voulez-vous ? J’ai besoin de vous. Vous êtes mes porte-parole, je vois votre affection, votre énergie, votre engagement,

J’ai compris aussi vos doutes, vos inquiétudes, à chaque fois on me dit : « Mais demain, elle joue à quitte ou double. » Eh bien, à chaque fois je double et c’est avec vous que je vais doubler.

A chaque étape on me dit de faire mes preuves, à chaque mot prononcé on me dit : « Mais qu’est-ce qu’elle raconte ! » Mais j’en ai autant qu’eux de l’expérience et des exigences. Et je suis plus forte qu’eux parce que c’est avec vous que j’avance.

Oui, mon équipe de campagne, c’est vous, déployez-vous, partez convaincre, soyez fiers de cette espérance. N’ayez peur de rien !

Vous êtes là, non pas pour gagner, non pas un camp contre un autre, vous êtes là pour me porter parce que je porte vos idées, parce que je porte une France neuve, une France qui a envie de se relever, une France qui a envie de se rassembler et de s’aimer en elle. Alors, je suis là pour être avec vous si vous le décidez, celle qui vous conduira vers le changement, la voulez-vous cette France neuve ? La voulez-vous cette France juste ? Le voulez-vous ce désir d’avenir ? La voulez-vous cette France forte ? La voulez-vous cette République du respect ? Le voulez-vous ce progrès pour tous ? Le voulez-vous ce travail pour chacun, ce pouvoir d’achat défendu, ces inégalités qui reculent, ces enfants qui réussissent à l’école, cette excellence environnementale, les familles sécurisées ? Oui, cette France neuve qui se relève grâce à votre voix, je la veux avec vous. Cette victoire, nous la voulons et nous devons la mériter. Nous devons y travailler.

Vive la République !

Vive la France que nous allons relever !

lundi 19 février 2007

Discours de Ségolène ROYAL sur l'éducation - Dunkerque le 15/02/07


Chers amis, quelle salle merveilleuse ! Que vous voilà nombreux ! Je sens comme un souffle. Oui c’est le peuple qui fera le résultat de cette élection présidentielle, et le peuple, je le vois ici en mouvement, comme partout dans la France, et je vous invite à vous rassembler, à vous saisir du pacte présidentiel, à le porter autour de vous pour que la France se relève, pour que la France change fort et pour que nous puissions la reconstruire ensemble !

Merci à Gilles...

Il y a des citoyens debout, donc je ne voudrais pas que la soirée soit trop longue, gardez votre énergie.

Merci à Gilles et à Michel de leur accueil, et à tous les élus ici, du Nord et du Pas-de-Calais. Leur présence rassemblée me fait chaud au cœur. Merci à vous tous et à vous toutes d’être venus de partout, ici pour remplir cette salle, vous êtes plus de 10 000, et je suis heureuse de m’adresser devant vous. Comme à Villepinte, où je me suis adressée aux Français, et encore ce soir à travers vous, c’est aux Français et aux Françaises que je veux m’adresser.

Pourquoi un pacte ? On le sait, chacun connaît la crise de la politique, la remise en cause de la parole politique, de la représentation politique, et donc j’ai voulu, et avec vous, d’abord écouter, élaborer ce pacte, à partir de la parole des Français, de leurs attentes, de leurs difficultés de vie, de leurs souffrances, mais surtout, ce pacte, il m’engage, il m’engage sur ces propositions, c’est un pacte réciproque puisque c’est vous aussi qui l’avez construit avec moi.

Ce que je propose, je le ferai pour redresser notre pays, pour redonner espoir aux Français, pour tracer un chemin, pour ouvrir une espérance. Je veux être, oui, je veux être la présidente de la confiance retrouvée.

Avec vous et avec ce pacte, qui maintenant est entre vos mains, ou le sera dans les jours qui viennent. Avec vous, porteurs de ces propositions, nous allons aller à la rencontre de nos concitoyens pour dire aux Français qu’il n’y a pas de fatalité à la baisse du pouvoir d’achat et au chômage, notamment des jeunes. Oui, je veux être aussi la présidente du travail pour tous.

Je veux construire un ordre social et économique juste, pour répondre aux injustices et aux précarités de toutes sortes que nous laisse la droite. Le règne sans fin du profit financier est intolérable pour l’intérêt général, et on le voit encore récemment, aujourd’hui, avec les profits scandaleux du groupe Total, qui n’a même pas l’obligation morale d’indemniser les communes souillées par la crise de l’Erika. Il est insupportable ce règne à ceux qui vivent de leur travail, et il est dramatique pour ceux qui n’arrivent pas à en vivre. C’est ce cri de colère que l’on entend monter de la France qui travaille et de celle qui aimerait travailler, contre les délocalisations qui dévorent l’emploi, colère contre le fait que 23 % des jeunes sont sans emploi, que l’âge du premier emploi n’en finit pas de reculer et que la précarité des contrats se généralise. Colère quand priorité est donnée à la rente et au capital financier, et que cela conduit à l’augmentation sans fin des loyers et du prix du foncier. Colère quand la moitié des salariés du privé touche moins de 1 400 € par mois, que 4 millions de salariés sont payés au SMIC au bout de vingt à trente ans de travail. Colère quand on sait qu’il y a 7 millions de pauvres en France, dans la cinquième puissance économique du monde, et qui vivent avec moins de 700 € par mois, que 2 millions d’enfants sont condamnés à vivre dans la pauvreté. Il y a là une fourme moderne de malédiction du destin que nous n’acceptons pas.

Oui, les Français sont en colère face à cela. Et moi, je dis que ce n’est pas juste. Et si vous êtes là, c’est parce que vous aussi, vous pensez que ce n’est pas juste, et que le pacte social qui est rompu est dangereux. Nous devons refuser cette situation. Nous devons stopper le descendeur social. Quand dans un pays comme la France, 2 millions de personnes ont recours à l’aide alimentaire, quand on sait qu’il y a chaque jour 2 000 accidents graves du travail, quand on sait qu’à 35 ans, un ouvrier a sept ans de moins d’espérance de vie qu’un cadre supérieur, quand on sait que 27 % des salariés travaillent debout en permanence, que 37 % sont exposés à l’inhalation de produits chimiques sur le lieu de travail, quand on sait que les victimes de l’amiante ne sont toujours pas indemnisées, ou que 1,5 millions de personnes se trouvent en situation de surendettement, et nous réglementerons les tarifications bancaires, quand on sait enfin que les femmes sont les premières victimes des bas salaires, de la précarité, que l’écart de salaire est encore de 25 %, à égalité, eh bien, on est bien obligé de se dire et de crier que tout cela est comme une cicatrice sur le corps d’un pays qui a pourtant inventé la plus belle devise du monde : « liberté, égalité, fraternité. »

Alors, vous m’avez dit des choses simples et vraies, vous m’avez dit vouloir des écarts de revenus moins injustes, une réforme de la fiscalité qui taxe davantage le capital que le travail, et nous le ferons. Vous m’avez dit vouloir que le travail soit payé à son juste prix, et je le ferai. Vous m’avez dit, enfin, vouloir que des solutions à la crise du logement soient trouvées au-delà des éternels discours, et je m’y engage. Est-il normal, m’avez-vous dit, que des jeunes travailleurs habitent en caravane et que des petits retraités soient chassés de leur logement faute de pouvoir payer leur loyer ?

Je vous ai entendus, et je n’aurai de cesse, si je suis élue, que de répondre à votre juste colère. Oui, je propose un pacte présidentiel pour le pouvoir d’achat garanti et pour la sécurité du logement tout au long de la vie. Oui, je propose une réforme de l’indice des prix, et nous utiliserons des indices de prix différents, tenant compte de la réalité des dépenses des gens, pour revaloriser les petites retraites, pour revaloriser le SMIC et les bas salaires, et pour revaloriser les minima sociaux. Oui je m’engage à ce que ces augmentations se fassent rapidement, en accompagnement des plans massifs de formation professionnelle qui déboucheront dans les entreprises sur un système gagnant/gagnant : un salarié mieux payé parce que mieux qualifié, et donc une entreprise plus performante. Et vous verrez que c’est nous, la gauche, qui réussirons la réconciliation entre le pays et ses entreprises, et le retour à l’efficacité économique, et le déblocage de la machine économique.

Je m’engage pour les jeunes sans ressources et qui vivent de plus en plus nombreux dans la précarité, à créer une allocation d’autonomie et d’entrée dans la vie active, laquelle allocation leur sera versée en contrepartie d’une obligation de formation sérieuse, d’une recherche active d’emploi, et pour les étudiants, d’heures de soutien scolaire auprès des élèves en difficulté.

Oui, je mettrai un plan de rattrapage pour les petites retraites, avec une hausse immédiate de 5 % intervenant dès 2007. Les retraites seront versées désormais mensuellement et non plus trimestriellement, pour éviter les découverts. Le minimum vieillesse sera versé mensuellement, et les retraites de la Sécurité sociale seront payées au 1er de chaque mois, pour éviter les découverts.

J’insiste sur la question du logement, cela a été évoqué. Je l’ai dit souvent, vous le savez, tout commence par les familles, car si les familles fonctionnent bien et assument leur devoir d’affection, d’éducation et de surveillance, alors les enfants démarrent dans la vie dans de bonnes conditions. Et le logement et la condition première d’une vie de famille sécurisée, et les inégalités criantes dans ces domaines doivent se réduire si l’on veut aider les familles à être ce lieu d’éducation et d’épanouissement qu’elles doivent être.

Vous le savez, je le dis souvent, parce que c’est vrai, tout se tient : le travail, la famille, le logement, et enfin l’éducation. J’ai choisi ce soir, à Dunkerque, de vous parler d’éducation. Car après avoir présenté le 11 février dernier le pacte présidentiel, je vais maintenant à travers la France pour approfondir les thèmes : aujourd’hui à Dunkerque sur l’éducation, demain à Strasbourg sur la recherche, la semaine prochaine à Rennes sur le travail et sur l’emploi.

Alors je l’ai dit et je le redis ici à Dunkerque, l’éducation, encore l’éducation, toujours l’éducation, au cœur de tout et en avant de tout ! Ce sera le cœur de notre pacte présidentiel.

Je le redis devant Jack Lang, en effet, qui observe avec nous tous, jour après jour, le démantèlement des moyens. L’école, en France, c’est l’âme du pays. L’école, en France, c’est ce qui a donné à la Nation le sentiment de son unité. L’école, en France, c’est ce qui a enraciné la République dans les consciences et dans les mœurs. L’école, c’est la grande institution qui a montré à tous les enfants de France, et donc à tous les futurs citoyens, que le travail et le mérite pouvaient être récompensés et qu’ils pouvaient peser plus lourd que le seul privilège de la naissance. L’école, en France, ce n’est pas seulement l’école, c’est le creuset, la matrice, le principe de tout le reste. Alors que ceux qui vilipendent la faillite de notre système, et qui d’ailleurs en sont parfois à l’origine, de ce démantèlement, en sont même toujours, qu’ils aient bien cette vérité en mémoire, qu’ils sachent, ceux qui prétendent que le niveau baisse, qu’ils n’oublient jamais qu’il y a eu là une grande révolution silencieuse, qui n’est certes pas achevée, et qui ne le sera peut-être jamais tout à fait, mais qui a changé le visage de notre pays et que l’on doit aux générations d’enseignants.

Les 3 % de bacheliers dans les années 30 sont aujourd’hui vingt fois plus nombreux. Rien que dans les vingt dernières années, le nombre de nos étudiants a doublé. Nous sommes un pays où, grâce à l’école, grâce à la compétence, au dévouement au niveau de ses enseignants, les quatre cinquièmes des enfants arrivent dans la vie adulte avec une qualification ou un diplôme. Peu d’institutions ont été au bout du compte aussi fidèles à leurs missions. Peu d’institutions se sont, contrairement à l’idée reçue, autant transformées, réformées, adaptées pour tenir compte des contraintes nouvelles, de la mutation des jeunes et continuer à remplir leur mission.

Oui, je vous le dis, la France demeure l’une des premières nations au monde, si elle conserve son éclat, son rayonnement et son dynamisme, elle le doit en grande partie à son école et à ceux qui enseignent.

Oui, c’est la première chose que je voulais vous dire. La culpabilisation, ça suffit ! Nous pouvons être fiers de notre école. Nous devons être fiers de tous ceux qui y travaillent et qui s’y dévouent sans relâche.

C’est vrai aussi que, depuis quelques années, l’école de la République connaît une crise. C’est vrai que, depuis quelques années, l’école de la République s’est démoralisée. Que s’est-il passé ? Les politiques de droite n’ont rien arrangé. La droite, en cinq ans, a détruit 125 000 emplois de professeurs, d’aides éducateurs, de médecins scolaires et de surveillants. Maintenant que les élections arrivent, elle leur promet bien sûr tout le contraire. Elle leur promet les salaires, la progression de carrières, les retraites revalorisées et le reste. C’est la foire aux promesses, c’est le tourbillon de la démagogie, et c’est surtout très dangereux, cet écart entre le discours et les actes, de la part de ceux qui ont déstabilisé, affaibli, amoindri l’éducation, démoralisé l’éducation, en lui retirant pendant cinq ans, année après année, tous ses moyens.

Quel mépris que de prétendre que si la droite revient au pouvoir, elle ne remplacera plus un fonctionnaire sur deux, et donc un professeur sur deux ! Peut-on accepter la disparition programmée de 300 autres postes d’enseignants ? Parce que c’est cela que ça veut dire. Peut-on accepter ce qui est dans le programme du candidat sortant de l’UMP, la suppression des ZEP ? Est-ce que c’est sérieux ? Est-ce que c’est dangereux ? Oui, c’est dangereux de mettre les écoles en concurrence et d’instituer la sélection par l’argent à l’entrée des universités. Comment le candidat de l’UMP sortant peut-il être crédible en promettant des moyens nouveaux, alors que c’est tout le contraire qui vient d’être fait ?

S’il est une fierté d’être socialiste et d’être à gauche, c’est la première place que nous avons toujours, toujours accordée à la question éducative, et cette première place, l’éducation la retrouvera. Nous avons été de tous les combats en faveur de l’école publique et laïque. Nous n’avons jamais douté que l’accès à la citoyenneté et l’accès de chaque futur citoyen à la liberté de penser et à la liberté tout court passaient par le renforcement de l’école. Et de cela, je crois vraiment que nous pouvons, que nous devons être fiers.

Je suis fière qu’avec François Mitterrand, nous ayons donné à l'Éducation nationale le premier budget de la Nation, et qu’avec tous les ministres socialistes qui ont, au cours de ces années, doublé le nombre de bacheliers, revalorisé le métier des enseignants, lancé un plan pluriannuel de recrutement. Nous n’avons pas le monopole de l’école, bien évidemment, mais nous avons le mérite de la constance et nous avons la preuve des résultats et de la volonté politique. C’est forte de cette constance et de cette volonté politique que je veux vous parler aujourd’hui de l’école.

J’ai entendu, dans tous ces débats, la profonde demande de reconnaissance. Ah, la reconnaissance ! C’est le mot qui est le plus fréquemment revenu dans les débats en venant des équipes éducatives. D’abord, je ne veux plus entendre tous ces discours qui contestent la valeur et l’engagement de nos enseignants. Je ne veux plus entendre, comme aujourd’hui, qu’on a trop donné à l’école et que son budget ne vaut pas ses résultats, car sans cet investissement, sans le lien de chair et d’esprit de la République et de son école, où en serions-nous ? Combien aurions-nous de jeunes à la dérive ? Combien de familles seraient à l’abandon ? Quand je vous rencontre, vous les enseignants, ce qui me frappe, c’est le moral qui baisse, malgré votre foi dans votre mission et votre ardeur à la tâche. Ce qui me frappe, c’est face à l’immensité de votre rôle, et face aux difficultés que vous avez à le remplir dans un environnement urbain et familial qui n’est plus, hélas, celui des enfants sages et des hussards noirs de la République, c’est votre humilité et votre refus de l’esprit de système. Ce qui me frappe, c’est que vous avez conscience que les chocs culturels auxquels vous êtes confrontés ne trouvent plus leurs réponses dans les solutions toutes faites. Vous cherchez, parfois vous tâtonnez, mais vous trouvez. Et le devoir de la République c’est vous aider à inventer. Je veux une société qui reconnaisse l’expérimentation et qui vous laisse libres, plus libres de vos méthodes pédagogiques, sans inspection tatillonne.

Je veux, autour de l’école, pour vous y aider, une société de la connaissance, où le savoir vaut plus que l’apparence. Je veux autour de l’école une société d’intelligence, où l’esprit de service public domine l’intérêt mercantile. Je veux des écoles, des lycées, des collèges où l’on continuera longtemps encore de concilier l’égalité et le mérite, la solidarité et l’émulation, la citoyenneté et l’esprit critique, les classiques et le progrès technologique. Je veux autour de l’école une société qui promeut l’intelligence collective sans tarir les talents individuels, qui relève les défis du monde plutôt que d’en avoir peur. Je veux une politique de l’école qui ira de la Sorbonne aux Minguettes, et qui donnera la même chance à Frédéric et à Malika.

Je veux tout cela en sachant que vous le voulez aussi. Je veux que nous continuions ensemble cette lignée de la gauche qui va de Condorcet à Jean Jaurès, de Paul Bert à Jean Zay et Ferdinand Buisson, du plan Langevin Vallon au plan Université 2000. Je veux, avec vous, faire que l’éducation reste au centre de la République, une, laïque et indivisible.

Je voudrais dire à l’école et à ceux qui enseignent que c’est grâce à vous que je suis là devant vous.

C’est grâce à mon amour de l’école, où j’ai compris très tôt, dès le collège rural des Vosges, avec mes enseignants PEGC, je me souviens encore de leur visage, c’est là que j’ai compris, dans le travail scolaire, que j’allais trouver la chance de mon émancipation.

Moi qui viens d’une famille nombreuse traditionaliste, où les filles étaient destinées aux tâches domestiques où il était considéré que les études après le baccalauréat étaient inutiles à notre fonction naturelle féminine. Ce sont mes professeurs qui m’ont poussée, motivée, encouragée, poussée en avant, pour que, après le baccalauréat, je puisse engager des études supérieures, et je voudrais ici leur témoigner de ma reconnaissance.

Et l’école juste, c’est d’abord une école où il fait bon vivre. L’école juste, ce n’est pas seulement une école qui permettra à quelques enfants issus des quartiers populaires d’accéder aux grandes écoles, c’est utile, c’est important, mais cela ne suffira pas. C’est l’école qui donne la meilleure formation possible, non pas aux seuls boursiers de la République, mais à tous les élèves de France, c’est l’école qui diversifie les chemins qui mènent à la connaissance, et c’est l’école qui, en même temps, offre une culture commune car la valeur et la compétitivité d’un pays ne se mesurent pas seulement au nombre de ses prix Nobel. Elle a besoin de prix Nobel naturellement, l’excellence est toujours comme la preuve ultime de la très grande qualité d’un système, mais la vraie valeur d’un pays, elle se mesure d’abord à la qualité de la culture et de l’éducation prodiguée à tous ses citoyens.

C’est cette vision que je veux porter, c’est cette vision que je veux partager avec toute la communauté éducative et pour que la gauche au pouvoir continue l’école de la République, c’est-à-dire l’excellence pour le plus grand nombre.

Je voudrais m’adresser aux enseignants, comme je viens de le faire, mais je pense aussi aux personnels éducatifs non enseignants, aux chefs d’établissement, et dans le pacte de la réussite éducative que je vous propose, je voudrais dire à tous que l’État vous garantira les moyens de votre mission.

Si je suis élue Présidente de la République, j’ai un devoir imprescriptible envers vous, et ce devoir sera de garantir les moyens de votre mission car vous recevez aujourd’hui de plein fouet les effets de la crise sociale.

Vous êtes les premiers à devoir faire face aux légitimes inquiétudes des parents, aux souffrances des élèves et à leur découragement. Vous êtes aussi en première ligne des nouvelles formes d’agressivité et de violence, et l’école doit être partout un lieu de paix. Aucune atteinte à votre autorité ne doit être acceptée.

La puissance publique se tiendra en toutes circonstances à vos côtés, elle fera tout pour protéger l’école des coups qui lui sont déjà portés, que ces coups viennent du dehors ou parfois hélas du dedans. Vous serez épaulés chaque fois que vous en aurez besoin.

Notre école doit être l’école du respect, et ce respect sera d’abord le respect qui vous est dû, vous qui transmettez les savoirs, les lumières et l’esprit citoyen.

A chaque élève, il faut offrir sa chance, mais à chaque enseignant, il faut reconnaître son autorité, et à chaque parent, il faut donner sa place. Je veux une harmonie réciproque entre l’école et les parents.

Je m’engage à organiser les États généraux de la réussite scolaire dès le mois de mai 2007 car j’ai décidé de rétablir pour la rentrée 2007 les moyens qui ont été retirés à l’école. Et je veux, dans le cadre de ces États généraux, avec vous, enseignants, chefs d’établissement, personnels non enseignants, parents d’élèves, décider de la façon la plus efficace de répartir ces moyens pour améliorer les conditions de travail d’un côté et la réussite des élèves de l’autre.

Le pacte de la réussite éducative que je vous propose reposera également sur la stabilité dans la durée des moyens financiers et humains investis à l’école, dans le primaire et dans le secondaire, parce qu’il faut une continuité dans l’effort, et je souhaite en particulier que soit renforcée la formation des enseignants parce que le creuset de la République ne peut voir son destin dépendre des caprices de la conjoncture économique ; parce que faire du parcours éducatif une variable d’ajustement budgétaire est un scandale quand des dizaines de milliers d’enfants sortent encore chaque année du système sans la moindre qualification et que tant d’établissements souffrent du besoin de professeurs, de surveillants, de personnels médicaux, de psychologues, de conseillers d’orientation, de CPE, de personnels ouvriers et de services.

C’est pourquoi je veux que la reconnaissance de la Nation à ces enseignants ne soit pas que symbolique, je veux qu’elle se traduise sur leur pouvoir d’achat, dans leurs évolutions de carrière et dans leur formation. Cette révolution nécessaire s’accompagnera d’une rénovation des pratiques et du métier d’enseignant.

Et c’est pour assurer cette sécurité au long court que je m’engage à édicter un plan pluriannuel de pré-recrutement, de recrutement et de création d’emplois. Nous ferons voter au Parlement une loi de programmation et nous stabiliserons sur les cinq années de la législature les moyens pour sécuriser, apaiser, harmoniser les relations entre l’école et la nation car en voilà assez des angoisses, des fermetures de classes, des redéploiements qui frappent le système scolaire à chaque rentrée scolaire.

Je crois que le moment est venu de procéder autrement, je crois que le moment est venu là aussi de nouer un pacte présidentiel avec le système scolaire pour qu’il soit assuré sur la durée, et les élus locaux aussi qui sont en première ligne souvent des batailles scolaires contre la fermeture des écoles, et les élèves, et les parents d’élèves qui veulent aussi pouvoir compter sur la stabilité et sur la sécurisation des moyens.

Mais je veux aussi parler le langage de vérité à la communauté éducative. Des établissements ont davantage besoin de soutien que d’autres, et l'Éducation nationale doit avoir l’audace de rompre avec les approches uniformes, et je l’ai dit tout à l’heure, et je le répète, elle doit pouvoir favoriser des pédagogies sur mesure, du soutien individualisé en favorisant le travail en équipe et l’expérimentation.

Cela commence, cette bataille pour la réussite scolaire, très tôt, et c’est pourquoi le pacte que je vous propose établira la scolarité obligatoire à trois ans et instituera, avant cet âge, un service public de la petite enfance. C’est là que se trouve la première inégalité entre les familles. C’est là, dès le plus jeune âge, la plus criante des inégalités. Le nombre de mots compris par un enfant à l’entrée du cours préparatoire peut varier, suivant l’origine familiale, de 600 à 1 800 mots. De tels écarts sont porteurs d’inégalités toute la vie, et l’école, c’est sa mission la plus noble, peut réparer ces inégalités et doit en avoir les moyens, car je veux, moi, un système éducatif où chaque enfant aura le même droit d’être soutenu pour faire ce devoir.

Je veux que l’école soit ouverte et que soient généralisées les expériences école ouverte pour épauler ceux qui en ont le plus besoin après les heures de cours. Je veux que le soutien scolaire individualisé soit gratuit dans l’école de la République, et cela sera la véritable révolution éducative. Et je veux naturellement que les enseignants qui consacrent leur temps à ce soutien aient droit à une rémunération supplémentaire et disposent de locaux pour accomplir leur mission.

Je veux également qu’ils puissent faire appel à des personnels supplémentaires qui puissent les aider dans ce travail individualisé. Oui, il faudra établir un système de soutien partout où il y en a besoin pour raccrocher les élèves qui décrochent, c’est cela l’ordre éducatif juste que l’on doit aux enfants, aux parents, car c’est à la puissance publique de réparer les injustices nées de la société, de même que c’est à la puissance publique d’établir et de garantir une vraie gratuité et d’interdire les obligations d’achat que l’on trouve encore trop souvent même à l’école élémentaire. Et j’en prends ici l’engagement : l’école de la République sera partout totalement gratuite.

Des centaines de milliers d’enfants et d’adolescents vivent chez eux une misère sociale et culturelle, et là se trouvent les racines de l’échec scolaire. Comment bien préparer ses devoirs quand le bruit empêche la concentration, quand l’enfant partage sa chambre avec plusieurs frères et sœurs, quand il doit dormir dans la pièce commune, quand il est gavé de mauvaise télévision ? Comment demander l’excellence à des enfants qui ont mal dormi, mal ou trop peu mangé ? Là aussi, c’est le rôle de la puissance publique d’agir, et on le voit bien, les politiques scolaires vont de pair avec les politiques de la ville et avec les politiques du logement social et de la mixité urbaine. L’un ne va pas sans l’autre. C’est pourquoi la priorité donnée au logement social est aussi à la source de la lutte contre les inégalités scolaires.

Puis, le pacte de la réussite éducative, c’est refuser que la vie d’un adolescent soit déterminée à quatorze ans dans l’apprentissage. Ce que je veux, c’est insérer l’apprentissage dans le parcours scolaire, c’est initier tous les collégiens au travail manuel et à toutes les formes d’intelligence. Je crois, oui, que toutes les formes d’intelligence conceptuelle, concrète, sensible, manuelle s’imbriquent et se nourrissent l’une de l’autre. Ce que je veux, c’est repenser les mécanismes d’orientation dans ce qu’ils peuvent d’avoir d’irréversible et de brutal.

Nous ménagerons des cycles de transition, nous éviterons tant que faire se peut les passages chocs, nous instituerons des lycées des métiers où, peu à peu, au fil des cycles, la même noblesse ira aux filières techniques et professionnelles qu’aux filières classiques.

Je veux qu’un jeune qui apprend à dessiner le plan d’une turbine soit aussi bien considéré qu’un jeune qui récite Antigone. Je veux que l’apprentissage soit une voie de formation véritable permettant de mettre le pied dans une formation qualifiante et ouverte et que cet apprentissage soit aussi diffusé par les lycées publics pour déboucher sur l’emploi et sur la réussite.

Et puis d’autres chantiers nous attentent, et notamment assurer la pleine maîtrise de notre langue nationale pour chaque enfant de ce pays, c’est la clé de tout, la passion, l’amour de la langue française : d’elle, tout procède, et vers elle, tout converge. Elle est la colonne vertébrale de notre école, elle est le savoir des savoirs, la porte qui ouvre aux autres disciplines. C’est par elle et pour elle que le cœur de l’école doit battre jour après jour, notre langue française, car un enfant qui n’accède pas à la maîtrise de la langue est un enfant blessé, et un enfant blessé est un enfant exclu, et un enfant exclu est un enfant qui, demain, faute d’utiliser le pouvoir des mots, sera tenté d’utiliser le pouvoir des coups.

Alors penser un plan aussi pour les arts à l’école, de la maternelle à l’université, c’est un enjeu majeur, et je le dis solennellement, tout enfant de ce pays a droit non seulement à l’alphabétisation culturelle, mais à l’initiation à un art. Ce que Jules Ferry a réalisé pour la lecture et le calcul, je le ferai pour l’éducation artistique.

Je voudrais que cela soit fait dans toutes les écoles de France. Je crois que nous pouvons, en réhabilitant ce qu’on appelait jadis les humanités, en redonnant toute sa place à la culture dite générale, c’est-à-dire à la culture tout court, je crois que nous pouvons infuser dans toutes les écoles l’esprit des maisons de la culture.

Et puis je me suis exprimée sur le sport ce matin devant le Comité national olympique et sportif français, et suite aux manifestations des enseignants, aux jeunes qui ont été engagés dans les STAPS avec la diminution de 70 % des CAPES dans cette profession indispensable parce que c’est d’abord par le sport que nous lutterons pour l’intégration, que nous lutterons contre toutes les formes de discrimination, que nous lutterons pour la tranquillité et pour l’harmonie à l’intérieur de l’école.

Et je l’ai dit, je le répète ici, non seulement le budget des sports sera doublé, mais les moyens qui ont été retirés à l’UNSS seront rétablis parce que les enseignants ont le droit de se voir reconnaître le travail sportif en périscolaire, et le retrait de 70 % des postes au CAPES d’éducation physique et sportive seront rétablis et seront remis à niveau pour tous les jeunes qui se sont engagés sur la base de promesses fallacieuses dans ces filières et qui, aujourd’hui, n’ont pas de débouché, demain, ils retrouveront ces débouchés parce que les écoles, les élèves, les adolescents n’ont jamais eu autant besoin qu’aujourd’hui d’accéder à la pratique sportive.

Le pacte de la réussite éducative, c’est également d’engager une loi d’orientation et de programmation pour l’enseignement supérieur. Et j’aurai l’occasion demain de m’exprimer sur ce sujet en articulant l’enseignement supérieur et la recherche.

A un moment où les Français regardent et comparent les modèles de société qui leur sont proposés pour l’élection présidentielle, je voudrais insister, mais vous l’avez compris déjà, sur la différence qui oppose projets contre projets, vision de la société contre vision de la société, par ce retour en force de la priorité de l'Éducation nationale.

Et je voudrais vous dire aussi que les moyens, nous les trouverons car, quand j’entends le candidat de l’UMP demander la construction d’un deuxième porte-avions, je n’y suis pas favorable, je l’ai dit, je l’ai dit et je me suis exprimée sur ce sujet, je maintiendrai inchangé l’effort de défense nationale, parce que nous vivons dans un monde menacé dans le cadre duquel la France ne peut pas baisser la garde, ni son effort de défense. Mais je n’engagerai pas la construction d’un deuxième porte-avions car je considère que cet équipement doit se faire dans le cadre de l’émergence d’une défense européenne et doit devenir un chantier européen.

Alors, si la Nation est capable de dégager le coût d’un deuxième porte-avions, j’en fais ici le serment, cette marge de manœuvre supplémentaire, cette valeur-là n’ira pas à la défense nationale, mais ira à l'Éducation nationale. Voilà la différence.

Mon autre priorité sera d’inventer réellement la formation tout au long de la vie.

Depuis la nuit des temps, notre système éducatif repose sur une césure générationnelle finalement absurde, il s’adresse souvent à la jeunesse, et c’est indispensable, mais s’arrête parfois trop souvent à l’obtention du diplôme. Or, on le sait, l’explosion technologique, la mondialisation des échanges, le chômage de masse qui a accompagné tout cela, ont bouleversé ce schéma. Et on le sait aujourd’hui, puisque les pays qui reconnaissent le chemin de la croissance sont ceux qui investissent massivement dans la formation professionnelle et dans la qualification.

C’est pourquoi il est indispensable que les hommes et les femmes d’aujourd’hui aient accès tout au long de la vie à cette formation. Et c’est pourquoi je propose deux choses.

D’abord, la création d’un compte éducation-formation dont chacun disposera à la fin de la scolarité obligatoire, et qui sera d’autant mieux doté que la formation initiale aura été insuffisante.

Ensuite, l’inscription dans le contrat de travail de périodes de formation qui seront négociées naturellement par les partenaires sociaux, et enfin la Sécurité sociale professionnelle qui comprendra des périodes de formation professionnelle rémunérée lorsque les salariés perdent leur emploi parce que cette formation n’est plus adaptée au marché de l’emploi.

Oui, offrir à chaque travailleur, à chaque demandeur d’emploi, le droit et les moyens de s’adapter tout au long de la vie à l’évolution des techniques et des savoirs, c’est le rêve des Républicains. Avec ce rêve, nous commencerons, avec ces actions, à l’inscrire dans la réalité.

Et je veux vous le dire maintenant, je veux le dire ici solennellement, à chaque enseignant, à chaque élève, à chaque parent, mais aussi à toute la société, parce que tous les citoyens sont comptables et dépendent d’une certaine façon de la qualité de notre système éducatif et de formation, ce pacte, je le tiendrai parce que je le tiens pour fondateur, mais ni ces réformes, ni les moyens que la Nation y consacrera ne suffiront si chaque citoyen n’y apporte pas son concours actif.

Aidez-moi à réussir, enrichissez-moi de votre expérience. Le chantier est vaste, il a besoin de chacun. L’ambition est immense, elle a besoin que chacun et chacune d’entre vous dans ce pacte présidentiel assume sa part d’action et d’effort nécessaire et d’engagement.

Et l’école de la République telle que je la conçois, c’est l’école de la responsabilité, et la responsabilité c’est sans cesse renouveler et dépasser les intérêts personnels ou catégoriels, car c’est avec elle, avec cette volonté partagée, avec ce dépassement de soi, que l’école de la République trouvera la force de renouer avec son génie et de continuer sa longue et belle histoire. Et c’est parce que je crois en l’intelligence du peuple français, parce que nous connaissons son talent, parce que je sais qu’il n’est jamais si profondément lui-même que lorsque le sol paraît se dérober sous ses pas, que je suis convaincue qu’il entendra cet appel et qui, au-delà de cette salle mais avec cette salle magnifique, portera avec moi cette grande idée d’une école de tous, d’une école pour tous, et d’une école pour toute l’existence.

Et la France possède tous les atouts pour gagner cette bataille mondiale de l’intelligence. La France est équipée pour figurer au tout premier rang de cette bataille qui est celle de la transmission des savoirs.

Alors je vous le demande : portez ces paroles, portez ce pacte, saisissez-vous-en, allez vers les citoyens car c’est de notre avenir commun qu’il s’agit, c’est d’une volonté farouche de changer vraiment ce qui se passe aujourd’hui en France, c’est d’une exigence, c’est parfois un cri, une attente désespérée de quelque chose qui ne vient pas et qui va enfin finir par arriver, cette France plus juste, cette France plus forte, cette France du respect pour chacun et du progrès social pour tous, cette France du refus des violences, des inégalités, des précarités, des mépris de toutes sortes, cette France des mensonges, cette France de l’immoralité, cette France du mélange des genres et des pouvoirs, cette France qui mérite mieux que ce qu’elle a.

Je le sens aujourd’hui, le peuple de France, il est là, à Dunkerque, devant moi, il a envie que ça change, il a envie que nous réussissions, il a envie que la France se relève. Avec vous je sais que cela devient possible. Seule je ne peux rien, mais avec vous, ce changement arrive, ce souffle, il est là, le peuple le voudra, le peuple doit se mettre en mouvement car il attend des millions d’hommes et de femmes qui hésitent à revenir vers les urnes. Je leur dis : revenez vers les urnes. Toutes ces catégories populaires qui ne croyaient plus dans la politique et qui hésitent encore, qui regardent, qui attendent, portez-leur le pacte présidentiel, montrez-leur qu’il y a une révolution profonde, une autre façon de voir les choses, une autre façon de remettre les valeurs humaines au cœur de tout et en avant de tout, et en tout premier lieu cette éducation, c’est-à-dire cet investissement dans la génération qui se lève.

Je fais appel à toutes les générations, celle qui se lève, mais aussi la génération des anciens qui a envie de transmettre à la nouvelle génération les valeurs auxquelles nous tenons car la politique, c’est d’abord cela : transmettre à la génération qui vient des valeurs fondamentales, des sécurités, des dignités pour que, à son tour, cette génération puisse transmettre à la génération suivante.

Voilà le pacte présidentiel que je vous propose, celui de la transmission des valeurs, des savoirs, des confiances, pour que demain, la France soit plus belle et soit plus forte.

Alors, en avant, je vous fais confiance, vive la France, vive la République et vive l’école.